Réflexion – La valeur de notre temps

Connaissez-vous cette représentation visuelle qui consiste à imager notre durée de vie sous forme de cubes ? L’idée est simplement de se représenter chaque mois de notre existence par un petit carré. Cette manière percutante de visualiser notre temps est un formidable moyen de mesurer notre finitude. Une idée simple, mais terrifiante dans sa vérité, surtout lorsque nous analysons comment nous organisons notre vie. Dans cet épisode, lançons-nous dans cet exercice passionnant. C’est parti.

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La valeur de notre temps

Une Illustration saisissante de notre durée de vie

Même si l’on observe des disparités entre les sexes et que cette donnée varie d’un pays à l’autre, considérons que l’espérance de vie moyenne est de 80 ans. Cette durée correspond à un total de 960 mois, que l’on représente par autant de petits cubes. Si vous avez 30 ans, vous aurez déjà vécu 360 mois et il ne vous reste plus que 600 “cubes” à vivre. 

Cette représentation met instantanément en perspective l’échelle de notre existence. Elle frappe à la fois dans la façon de mesurer le temps qui s’écoule, que de représenter le reste à vivre.

Mais nous sommes qu’au début des surprises. Intéressons-nous maintenant à comment nous employons notre temps.

L’emploi de notre temps quotidien

Que faisons-nous dans la vie ?

    • Le sommeil : En moyenne, nous passons un tiers de notre vie à dormir, soit 320 cubes.
    • Le parcours scolaire : En cumulé, nous passons également 23 mois à l’école à raison de 7 heures par jour pendant 162 jours pendant 15 ans. À cela s’ajoutent 11 mois supplémentaires si nous faisons 5 ans d’études supérieures (8h/jour, 200 jours/an).
    • Le travail : Une grande partie de notre vie adulte est dédiée au travail et au temps de trajet associé, soit environ 116 mois complets si l’on y consacre 45 heures par semaine, 45 semaines par an, pendant 42 ans.. 
    • Les indispensables du quotidien (repas, hygiène, entretien, etc.) : Ajoutons 160 cubes supplémentaires si l’on considère que nous consacrons 4 heures par jour pour manger, faire les tâches ménagères et s’occuper de notre hygiène.

Résultat : il nous reste à peine plus d’un tiers de notre temps de vie pour nos hobbies et passions, soit 360 mois.

Si la démonstration est saisissante, attendez que l’on ajoute une dernière statistique…

Le tueur silencieux 

À l’heure actuelle, nous passons en moyenne 5 heures par jour sur nos écrans (hors temps de travail). Soit 200 cubes en moins au total. A ce rythme, nous aurons passé plus de la moitié de notre temps libre à scroller sur notre téléphone.

Saisissez-vous le véritable désastre qu’implique notre consommation excessive d’écran et la perte irréversible de temps de vie ? 

Voici en bref (car là n’est pas le sujet de cet épisode) plusieurs pistes concrètes pour reprendre le contrôle  :

    • Installer un bloqueur d’applications pour limiter notre temps sur les réseaux sociaux, jeux vidéo ou d’autres distractions numériques.
    • Se former pour reprendre la maîtrise de notre attention au quotidien. Personnellement je vous recommande le livre « Votre attention est un superpouvoir » de Fabien Olicard. 
    • Réaliser une « bucket list ». Il s’agit simplement de lister ce que l’on souhaite accomplir, car comme le disait Sénèque : « Il n’y a pas de vent favorable pour ceux qui ne savent pas où ils vont. » Cette astuce permet de mieux conscientiser comment nous souhaiterions occuper les cubes restants.

Ceci étant dit, reprenons un peu de hauteur (réflexions supplémentaires)

La représentation visuelle de notre temps sous forme de blocs, nous amène, à la fois, des questions profondes sur notre perception du passage du temps tout en nous offrant quelques éléments de réponses :

La perception du temps qui passe

Nous avons souvent l’impression que le temps passe plus vite à mesure que l’on vieillit. 

En effet, les enfants jugent les années scolaires comme interminables, alors que les personnes âgées estiment que les années défilent en un clin d’œil. Cette perception pourrait être dûe à la proportion de chaque bloc temporel par rapport à notre âge. Je m’explique. A 6 ans, 10 mois d’école représentent 16% de notre vécu total, tandis que pour un retraité de 70 ans, ce même laps de temps correspond est seulement 1% de son vécu.  Au bout du compte, il est normal que la perception de la durée des expériences évoluent à mesure que notre âge augmente. 

L’illusion de l’infinité du temps …

A-t-on réellement conscience de ce qui nous reste à vivre ? Nous vivons souvent dans l’illusion que nous avons la vie devant nous. Se faisant, on reporte nos projets à plus tard et on constate trop tard que l’on ne pourra tous les réaliser. 

Une bonne illustration consiste à  mesurer le temps qu’il nous reste à passer avec nos proches. Admettons que vos parents aient 70 ans et que vous les voyez 1 fois par an, alors il est probable que les moments qu’ils vous restent à partager avec eux se comptent sur les doigts d’une main. 

A ce propos, il est rapporté que ceux qui perdent leurs parents ou passent très près de la mort auraient une meilleure perception de la valeur du temps. Peut-être est-ce parce que cette expérience leur fait réaliser qu’ils sont eux aussi inscrits sur la liste de la grande faucheuse et qu’ils font irrémédiablement partie des prochains à y passer.

Cette prise de conscience va de pair avec la philosophie du « memento mori ». Elle a pour but de nous rappeler notre finitude et de nous encourager à vivre avec sagesse, en étant conscient du temps limité que nous avons à notre disposition. 

…mais une infinité de question

 

En tout cas, la représentation visuelle de notre temps de vie sous forme de cubes amène aussi de très nombreuses questions : 

    • Si l’on découpe notre vie, non pas en cubes mensuels, mais en cubes hebdomadaire, journaliers ou même à l’heure, quels enseignements en tirera-t-on ?
    • Comment expliquer qu’une heure passée à faire une activité ennuyeuse paraît infiniment plus longue qu’une heure à faire un tâche dans un état de flow ?
    • Peut-on considérer que la réussite consiste à maximiser le plaisir vécu pour chaque cube ? 
    • Si l’on schématise notre espérance de vie en cubes, comment la représenter après notre mort ?
    • Le temps est-il une construction de notre esprit ? Nous le modélisons sous forme linéaire, mais ne pourrait-il pas être bien plus complexe et malléable que nous l’imaginons ?

Bref, bienvenue dans ce formidable labyrinthe de l’esprit.

Conclusion

A mon niveau, voici ce que je considère comme important : 

Du fait que notre temps est limité, il est pertinent de réfléchir à comment nous l’utilisons. La représentation de notre espérance de vie sous forme de cubes est un exercice qui peut nous aider à cette prise de conscience. Je crois que le succès consiste simplement à apprécier le passage du temps, c’est-à-dire remplir au mieux chaque cube. A ce titre, la philosophie du Memento mori est pertinente car elle nous invite à ne pas perdre de vue notre finitude et à vivre chaque jour comme un cadeau précieux. Quoiqu’il en soit, à chacun de décider comment il va utiliser les cubes qu’il lui reste.

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