Loi de Laborit : Fuir l’inconfort

Imaginez : vous êtes à votre bureau, décidé(e) à avancer sur un dossier important. Mais avant, vous vérifiez vos mails. Puis vous répondez à un message. Puis vous rangez quelques papiers. Et sans vous en rendre compte, vous avez passé deux heures à éviter… l’essentiel. Pourquoi agit-on ainsi ? La réponse pourrait bien se trouver dans la fascinante loi de Laborit : notre cerveau cherche instinctivement à fuir l’inconfort, et priorise les activités les plus simples ou gratifiantes à court terme. Dans cet épisode, nous allons explorer ce concept étonnant et les enseignements que nous pouvons en tirer. C’est parti !

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Loi de Laborit : Pourquoi on repousse ce qui compte vraiment

Qu’est-ce que la loi de Laborit ?

La loi de Laborit tire son nom du neurobiologiste français, Henri Laborit, qui a consacré une grande partie de sa carrière à l’étude des comportements humains face au stress, à la peur et à la douleur. Selon lui, lorsqu’un individu est confronté à une situation inconfortable ou incertaine, son cerveau adopte la voie du moindre effort. Il évite naturellement ce qui demande de l’énergie mentale, de la confrontation ou un risque d’échec.

Des expériences en psychologie ont confirmé cette tendance. Par exemple, les études de Tuckman en 1991 révèlent que lorsqu’on propose à un individu deux tâches, l’une facile mais inutile, l’autre difficile mais importante, il choisit généralement la première. C’est ce qu’on appelle aussi la procrastination active : l’art de faire pour ne pas faire.

Source : 

  • Procrastination and Task Avoidance: Theory, Research, and Treatment » – Avraham T. Tuckman (1991) : https://www.westga.edu/share/documents/pubs/000302_521.pdf

  • A Focus on Completing Easy Tasks Hurts Long-Term Performance : https://www.hbs.edu/ris/Publication%20Files/17-112_54fdf950-a08d-4ba8-a718-1150dc8916cb.pdf

 

En résumé, la loi de Laborit stipule que notre cerveau priorise instinctivement les actions qui réduisent l’inconfort, l’incertitude ou l’effort, quitte à repousser ce qui est plus important. Comment reprendre le contrôle ?

7 pistes pour reprendre le contrôle

 

  1. Commencer par la tâche la plus difficile (« eat the frog »). L’idée est de traiter en priorité la tâche que l’on redoute le plus. Cela contribue à réduire la charge mentale et libérer de l’énergie pour le reste.

  2. Rendre la première étape ridiculement simple. La peur d’une tâche complexe disparaît souvent une fois qu’on a commencé. Pour courir une heure, on peut juste s’engager à courir 5 minutes … et généralement, une fois lancé, on continue.

  3. Fractionner les tâches en sous-étapes claires. Ce qui semble lourd devient gérable quand on le décompose. Une montagne est plus facile à gravir si elle est faite de petites marches.

  4. Créer des routines fixes pour les tâches importantes. Les habitudes contournent la négociation mentale et éviter de ses poser des questions

  5. Associer un plaisir à une tâche difficile. Écouter de la musique, boire un café, s’installer dans un environnement agréable contribuent à réduire l’aversion à une tâche difficile.

  6. Visualiser le résultat final. Penser aux bénéfices plutôt qu’à l’effort permet de réduire la résistance initiale.

  7. Se récompenser après l’effort. Rien de tel que la prévision d’une petite récompense pour conditionner son esprit. 

Conclusion

La Loi de Laborit nous rappelle une vérité simple mais puissante : notre cerveau est conçu pour fuir l’effort et rechercher le confort immédiat. Il existe des stratégies simples pour contourner cette tendance. Malgré tout, la clé selon moi se résume en phrase : faites des choses faciles et votre vie sera dure, faites des choses difficiles et votre vie sera facile.

Sources

  • Procrastination and Task Avoidance: Theory, Research, and Treatment » – Avraham T. Tuckman (1991) : https://www.westga.edu/share/documents/pubs/000302_521.pdf

  • A Focus on Completing Easy Tasks Hurts Long-Term Performance : https://www.hbs.edu/ris/Publication%20Files/17-112_54fdf950-a08d-4ba8-a718-1150dc8916cb.pdf

  • OCM – Loi de Laborit : dompter la procrastination au quotidien : https://www.observatoire-ocm.com/management/loi-de-laborit/

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Pourquoi écrire à la main améliore la concentration et la mémoire

Et si le simple fait d’écrire nos pensées sur papier pouvait améliorer notre mémoire, booster notre concentration, et nous aider à résoudre nos problèmes ? Dans cet épisode, explorons un geste aussi banal que puissant : prendre des notes à la main. C’est parti !

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https://youtu.be/FSRwchaz_Js

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Pourquoi écrire à la main améliore la concentration et la mémoire

Ce que dit la science et pourquoi ça fonctionne

Plusieurs études montrent que prendre des notes à la main améliore la mémorisation, la compréhension et la concentration. 

Dans leurs travaux en 2014 et 2016, Mueller et Oppenheimer observent que les étudiants qui prennent des notes à la main se rappellent mieux des concepts clés. L’écriture manuelle force un traitement cognitif plus profond. En effet, les notes manuscrites améliorent la compréhension globale, car elles poussent à reformuler l’information avec nos propres mots.

Source : https://www.researchgate.net/publication/261839238_The_Pen_Is_Mightier_Than_the_Keyboard_Advantages_of_Longhand_Over_Laptop_Note_Taking

Des études antérieures démontrent les mêmes résultats : 

    • Fischer et al. (2011) : Les étudiants comprennent mieux et retiennent plus d’informations avec des notes manuscrites, mieux organisées et plus synthétiques. (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21506451/)
    • Kiewra et al. (1991) : Les notes à la main sont plus efficaces pour se concentrer pendant les cours et mieux réussir les examens. (https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0361476X85710119)
    • Boer et al. (2014) : Les notes écrites permettent de mieux sélectionner les idées essentielles et de mieux structurer la pensée. (https://www.researchgate.net/publication/365800001_Computer_versus_longhand_note_taking_Influence_of_revision)

En somme, l’écriture à la main favorise un apprentissage actif. Écrire permet aussi de matérialiser les pensées de notre tête, ce qui libère de l’espace mental, aide à prendre du recul et favorise la concentration.

Pratiques à intégrer à son quotidien

La prise de notes peut également être utilisée comme outil de résolution de problèmes. Un exercice pertinent à ce sujet consiste à noter son problème et commencer à esquisser des pistes de solution, seulement pendant 5 minutes. Le simple fait de coucher ses préoccupations sur le papier permet de les clarifier.

De la même façon, l’écriture contribue à éviter la surcharge mentale en utilisant son cerveau pour penser, plutôt que pour se souvenir.

Voici quelques pratiques sur le sujet à intégrer à son quotidien

    • Garder toujours un carnet ou un bloc-notes à proximité.
    • Utiliser de simples applications de notes 
    • Prendre l’habitude de noter pour se libérer de la charge mentale.
      • Ecrire ses problèmes sur le papier pour les sortir de sa tête
      • Lister les tâches à faire
      • Noter les informations importantes à retenir

Conclusion

Écrire à la main, ce n’est pas juste un retour à l’ancienne, c’est un levier puissant pour clarifier ses idées, se concentrer et mieux apprendre. Que ce soit pour mieux retenir une information, résoudre un problème personnel ou apaiser son esprit, le fait de sortir ses pensées du cerveau pour les mettre sur papier reste un réflexe simple… et redoutablement efficace.

Sources

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La théorie des jeux

Imaginez que vous soyez arrêtés avec un complice pour un délit. On vous demande de passer aux aveux. Le procureur vous présente plusieurs options : 

    1. Si vous dénoncez l’autre et qu’il se tait, vous êtes libre et il est condamné. 
    2. Si vous vous trahissez mutuellement, vous êtes tous les deux punis, mais moins lourdement. 
    3. Si aucun de vous ne parle, vous vous en sortez avec une peine minimale.
    4. Si vous vous taisez mais que l’autre vous dénonce, vous êtes condamnés à la peine maximale et l’autre libéré.

Que décidez-vous ? 

Cette situation est connue sous le nom du dilemme du prisonnier. Cet exemple est l’une des illustrations les plus célèbres de la théorie des jeux. Tous les jours nous sommes confrontés à ces jeux stratégiques : en négociant un salaire, en gérant un conflit, en faisant des choix politiques ou même dans nos choix relationnels. Dans cet épisode, explorons les fondements de la théorie des jeux pour comprendre les mécanismes qui influencent nos décisions ainsi que les enseignements que nous pouvons en tirer. C’est parti ! 

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https://youtu.be/YXe4WA542G4

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La théorie des jeux

Qu’est-ce que la théorie des jeux ?

La théorie des jeux est une branche des mathématiques et de l’économie qui étudie la façon dont des acteurs rationnels prennent des décisions dans des situations où leurs choix sont interdépendants.

Origines

Les grands principes sont formalisés dans les années 1940 par le mathématicien John von Neumann et l’économiste Oskar Morgenstern. Ils sont ensuite progressivement enrichis notamment par John Nash avec le concept d’équilibre de Nash, un état dans lequel aucun joueur n’a intérêt à changer de stratégie unilatéralement.

Types de jeux

La théorie des jeux s’appuient sur des paramètres centraux qu’il convient de prendre en considération : 

    • Jeux coopératifs vs non coopératifs : est-ce que les participants peuvent ou non former des alliances ?
    • Jeux à somme nulle vs à somme non nulle : est ce que les gains des uns sont les pertes des autres ou est-ce que tout le monde peut gagner (ou perdre)
    • Jeux simultanés vs séquentiels : est-ce que les joueurs jouent en même temps ou l’un après l’autre.

Exemples emblématiques de la théorie des jeux

Prenons plusieurs exemples pour illustrer ces principes :

Le dilemme du prisonnier

C’est le modèle emblématique de la théorie des jeux que l’on a décrit en introduction. Deux suspects sont interrogés séparément. La coopération est dans leur intérêt commun, mais la tentation de trahir pour obtenir un avantage personnel peut aussi inciter à choisir la trahison, pouvant mener à un résultat sous-optimal pour les deux.

La guerre froide : l’équilibre de la terreur

Les États-Unis et l’URSS ont maintenu un équilibre stratégique en évitant un conflit direct. Chaque camp savait que l’attaque entraînerait une riposte destructrice. Cet équilibre instable illustre le concept d’équilibre de Nash.

Les enchères : la logique de la surenchère

Dans certaines enchères, comme l’« enchère au dollar », les participants continuent de surenchérir au-delà de la valeur même de l’objet mis en jeu, uniquement pour ne pas perdre leur mise précédente. Ce mécanisme illustre l’économie de l’escalade irrationnelle : une décision stratégique initiale entraîne une suite de choix de plus en plus coûteux motivés par la peur de perdre, plutôt que par la logique du gain. 

Le problème du “passager clandestin”

Dans un projet collectif, chacun peut choisir de contribuer ou de laisser les autres faire le travail. Ce phénomène survient lorsque des individus bénéficient d’un bien ou d’un service collectif sans y avoir contribué. Comme leur contribution n’est pas indispensable à court terme, ils peuvent être tentés de ne rien faire, en pensant que d’autres compenseront. Cependant si trop de gens adoptent cette stratégie, le projet échoue ou produit moins de valeur pour tout le monde. On retrouve ce mécanisme dans de nombreux domaines, comme les impôts, la gestion des ressources naturelles ou les travaux d’équipe à l’école.

Applications concrètes de la théorie des jeux

Ces exemples emblématiques ne sont pas que des abstractions théoriques : ils ont des implications très concrètes dans le monde réel. C’est pourquoi, la théorie des jeux est utilisée dans de nombreux domaines pour analyser, anticiper et orienter les comportements stratégiques :

    • En économie pour comprendre la fixation des prix, les politiques de concurrence ou les comportements de cartel entre entreprises.
    • La négociation au niveau des accords commerciaux, des médiations diplomatiques ou des relations sociales.
    • En politique pour analyser la formation d’alliances, les tactiques électorales ou les décisions stratégiques entre États.
    • En psychologie sociale afin de modéliser les dynamiques de coopération, d’engagement ou de trahison au sein des groupes.
    • En intelligence artificielle, notamment dans la programmation d’agents autonomes capables d’interagir de manière optimale dans des environnements complexes.

Enseignements clés

Même si la rationalité parfaite est rarement observée dans la vraie vie. Même si certaines situations réelles sont trop complexes pour être modélisées. Même si les biais cognitifs et les émotions influencent fortement nos décisions. La théorie des jeux nous offre plusieurs enseignements que l’on peut appliquer à notre niveau :

    • Il est essentiel d’anticiper les choix des autres pour prendre de bonnes décisions.
    • La coopération est parfois plus rentable que la compétition.
    • L’intérêt individuel peut nuire au bien commun, comme le montre le paradoxe de Nash.
    • La stratégie dominante n’est pas toujours la meilleure à long terme.
    • Savoir influencer ou signaler ses intentions change la dynamique d’un jeu.
    • Construire la confiance peut transformer un jeu perdant-perdant en gagnant-gagnant.

Conclusion

La théorie des jeux nous enseigne que nos choix répondent aux stratégies, intentions et anticipations des autres. Que ce soit en économie, en politique ou dans la vie quotidienne, cette approche aide à mieux comprendre les interactions humaines. Mieux encore : elle nous invite à penser au-delà de l’intuition, vers une stratégie plus consciente et plus coopérative.

Sources

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L’homme de paille et L’homme de fer

Avez-vous déjà eu l’impression qu’on déformait vos propos juste pour vous contredire ? Ou à l’inverse, avez-vous déjà rencontré quelqu’un capable de reformuler parfaitement vos arguments avant d’y répondre avec finesse ? Ces deux manières diamétralement opposées de débattre portent des noms : l’homme de paille et l’homme de fer. L’un fragilise intentionnellement la position de l’autre pour mieux la démonter. L’autre la renforce pour en proposer une critique honnête. Dans cet épisode, nous allons explorer ces deux figures rhétoriques, comprendre ce qu’elles révèlent de nos échanges et découvrir comment mieux argumenter. C’est parti !

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https://youtu.be/6xFCOQOBUgs

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L’homme de paille et l’homme de fer

L’homme de paille : la caricature pour vaincre

L’homme de paille est une technique rhétorique fallacieuse qui consiste à déformer, exagérer ou caricaturer l’argument de l’adversaire afin de le rendre plus facile à réfuter. L’objectif n’est pas de répondre à la position réelle de l’autre, mais à une version affaiblie, parfois ridicule, qu’on lui prête. Voici quelques exemples concrets : 

    • Intervenant 1 : “Je suis contre la mise en place d’un programme de construction de porte-avions”. Intervenant 2 : “je ne comprends pas pourquoi vous voulez laisser notre pays sans défense.”. La proposition « je suis contre la construction d’un porte-avions » a été détournée en « je suis contre la défense de mon pays », argument beaucoup plus facile à mettre en défaut.
    • Intervenant 1 : « Il est important de réguler l’usage des écrans chez les enfants. » Intervenant 2 : « Donc vous êtes contre la technologie et vous voulez qu’on vive comme au Moyen Âge ? » La proposition « réguler l’usage des écrans » a été déformée en « rejeter toute technologie ».
    • Intervenant 1 : « Il faudrait repenser la répartition des richesses dans notre société. ». Intervenant 2 : « Ah, donc tu veux qu’on prenne tout à ceux qui travaillent pour le donner à ceux qui ne font rien ! ». L’idée de justice sociale est réduite à une caricature de vol et d’assistanat. 
    • Intervenant 1 :  « Il faut renforcer le contrôle aux frontières. ». Intervenant 2 : « Donc on ferme le pays, on expulse tout le monde et on rejette les étrangers ? ». Une position sur l’immigration est exagérément transformée en xénophobie radicale.

Cette stratégie est efficace sur le moment, car elle donne l’illusion d’une victoire facile. Mais en réalité, elle évite le vrai débat et entretient des dialogues de sourds. C’est un obstacle majeur à la pensée critique et à l’écoute authentique.

L’homme de fer : l’art du débat honnête

À l’inverse, l’homme de fer est une approche vertueuse du débat, qui consiste à reformuler l’argument de l’autre de manière à le rendre plus fort ou plus clair que ce que l’auteur lui-même aurait pu faire. On choisit volontairement de respecter et valoriser la position adverse pour y répondre de manière constructive. Par exemple : 

    • Face à une critique sur l’impact environnement des voitures électriques une réponse de type homme de fer pourrait être : “Donc si je comprends bien, tu soulignes que même les technologies vertes ont un coût écologique, et qu’il faudrait aussi penser à la sobriété énergétique, pas seulement au changement de véhicule.”
    • Réponse de l’homme de fer face à une critique du modèle éducatif traditionnel :  “Tu mets en lumière les limites d’un système centré sur les notes et tu proposes un apprentissage plus collaboratif et individualisé. Explorons cela.”

Cette posture ne signifie pas qu’on est d’accord avec l’autre. Elle signifie simplement qu’on reconnaît la complexité de ses arguments et qu’on cherche une réponse plus juste. C’est un puissant levier de progression intellectuelle et de communication apaisée. Cette posture implique :

    • D’écouter activement et de comprendre en profondeur la position adverse.
    • De présenter cette position de façon à ce que l’interlocuteur puisse dire : “Oui, c’est exactement ce que je veux dire !”.
    • D’y répondre ensuite de manière constructive, ce qui enrichit le débat et permet à chacun de progresser intellectuellement.

Encore une fois cette méthode favorise l’écoute, la rigueur intellectuelle, la réduction des conflits et la recherche sincère de la vérité.

Sept enseignements à retenir de l’homme de paille et de l’homme de fer

Une fois qu’on a identifié ces deux styles d’argumentation, notre regard sur les débats change radicalement. Voici ce qu’on peut en tirer :

    1. Apprendre à détecter les manipulations rhétoriques : Comprendre l’homme de paille permet de ne plus se laisser piéger par des arguments malhonnêtes.
    2. Renforcer ses propres idées : En se confrontant à une version solide de l’opinion opposée (homme de fer), on affine sa pensée.
    3. Favoriser l’écoute active : Reformuler fidèlement ce que dit l’autre est un signe de respect et une preuve de compréhension réelle.
    4. Développer son esprit critique : Identifier les vrais arguments demande une posture intellectuelle rigoureuse.
    5. Désamorcer les conflits : En quittant le terrain de la caricature, on réduit les tensions inutiles et on favorise le dialogue.
    6. Encourager le débat de qualité : L’homme de fer est une base solide pour des discussions utiles, même entre désaccords profonds.
    7. Cultiver l’humilité intellectuelle : Accepter que l’autre puisse avoir un point valable est le début de l’intelligence collective.

Conclusion

L’homme de paille et l’homme de fer incarnent deux façons opposées d’aborder le désaccord. Le premier manipule, le second construit. En choisissant consciemment d’adopter la posture de l’homme de fer, nous pouvons non seulement mieux débattre, mais aussi mieux comprendre le monde et ceux qui le pensent autrement.

Sources

    • Wikipedia, “Straw man” (homme de paille) et “Steel man” (homme de fer) : https://en.wikipedia.org/wiki/Straw_man

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La loi de Benford

Saviez-vous qu’il est possible de détecter les fraudes comptables, vérifier les résultats électoraux ou encore évaluer la fiabilité d’une source grâce aux mathématiques ? Cette performance s’appuie sur une curiosité statistique fascinante : la loi de Benford. Dans cet épisode, découvrons ce concept étonnant et les applications concrètes que nous pouvons en tirer. C’est parti !

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https://youtu.be/_AV6pBw2Muk

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La Loi de Benford

Quelle est cette loi ?

La loi de Benford stipule que dans de nombreuses séries de données issues du monde réel (comme les factures comptables, les mesures naturelles ou les études statistiques) les chiffres ne sont pas répartis de manière uniforme. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les petits chiffres (comme 1 ou 2) apparaissent plus souvent que les grands (comme 8 ou 9). Par exemple : 

    • Environ 30% des nombres commencent par 1
    • Moins de 8% commencent par 5
    • Moins de 5% commencent par 9

Cette loi est popularisée en 1938 par le physicien Frank Benford. Il recueille 20 000 nombres issus de domaines très variés : tailles de rivières, données démographiques ou encore relevés scientifiques. En les analysant, il constate une régularité frappante dans la fréquence d’apparition des premières décimales. Peu importe le jeu de données, les chiffres apparaissent selon la même répartition statistique.

Notons toutefois que la loi de Benford ne s’applique pas à toutes les données. Elle concerne surtout les ensembles de nombres “naturels” qui couvrent plusieurs ordres de grandeur.  Les données artificielles, comme des numéros de téléphone ou des codes postaux, ne respectent pas la même fréquence de distribution statistique.

Applications de la loi de Benford

La loi de Benford est un outil mathématique puissant dans de nombreux domaines. Une de ses applications concrètes consiste à l’utiliser pour détecter les fraudes ou falsifications de données.

    • Des organismes comme l’IRS (le fisc américain) l’utilisent pour traquer les anomalies dans les registres comptables.
    • Les statisticiens s’en servent pour analyser les résultats ou les données politiques pour repérer d’éventuelles manipulations.
    • L’audit de données massives (big data) à travers le prisme de la loi de Benford permettent de valider l’intégrité de grandes bases de données.

Quoiqu’il en soit, il convient d’éviter les conclusions hâtives. Le fait qu’une source de données dévie de la loi de Benford ne prouve pas qu’elle est obligatoirement fausse. Gardons aussi en tête qu’elle s’applique surtout aux données numériques naturelles comme les prix, les populations ou les mesures physiques. 

Avant de conclure, terminons par une réflexion : qu’en est-il du contenu généré par l’intelligence artificielle générative ? Paradoxalement, ChatGPT peut proposer des réponses “artificielles” en s’appuyant sur des données réelles contenues dans ses modèles. Donc, si l’on prend un jeu de données produit par l’IA, suivra-il la répartition statistique de la loi de Benford ? … vous avez 4h !

Conclusion

Utilisée en finance, en science des données ou en criminalistique, la loi de Benford est un outil mathématique puissant. Il repose sur l’observation statistique suivante : dans un jeu de données “naturel”, les chiffres ne sont pas répartis de manière uniforme. Les petits chiffres apparaissent plus souvent que les grands.

Sources

    • Wikipedia : Loi de Benford : https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Benford

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Chambre Chinoise : Illusion de la compréhension

Peut-on considérer que ChatGPT est intelligent ? En répondant à nos sollicitations avec une aisance stupéfiante, il donne l’impression de comprendre les mots qu’il utilise. Pourtant, il ne traite que des données en suivant des modèles statistiques, sans saisir la signification de ses propos. On associe ce phénomène au concept de la chambre chinoise. Dans cet épisode, découvrons cette fascinante expérience de pensée et les enseignements que nous pouvons en tirer. C’est parti !

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https://youtu.be/-15H4FW1lfI

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Qu’est ce que la chambre chinoise ?

Une expérience de pensée révélatrice

Certains connaissent peut-être le test de Turing. Son but est d’évaluer la capacité d’une machine à imiter l’intelligence humaine. Pour ce faire, un humain interagit à l’aveugle avec le système testé et un autre humain. S’il ne parvient pas à les distinguer, alors la machine est considérée comme « intelligente ». A ce jour plusieurs technologies (ex : les IA génératives) réussissent le test de Turing, mais peut-on réellement considérer ces systèmes comme intelligents, dotés d’un “esprit” ou en mesure de comprendre le langage ?

En étudiant le sujet, le philosophe américain John Searle conçoit l’expérience de la chambre chinoise en 1980. Il enferme dans une pièce une personne qui ne connaît pas un mot de chinois. L’individu dispose uniquement d’un livre contenant des instructions détaillées pour manipuler les symboles de cette langue. Des questions en chinois lui sont glissées sous la porte et il doit y répondre. Grâce aux règles du livre, il parvient à rédiger des réponses correctes. C’est là que ça devient intéressant, car pour les observateurs extérieurs, il est facile de croire que leur interlocuteur comprend le chinois. Pourtant, il ne fait que traiter des symboles sans en saisir le sens. C’est exactement le cas des intelligences artificielles comme ChatGPT. Elles génèrent des phrases pertinentes en manipulant des données à partir de règles statistiques sans pour autant avoir de conscience ou de compréhension. C’est le concept mis en évidence par la chambre chinoise. 

Pour illustrer très simplement, on peut prendre l’exemple du perroquet qui dit « Bonjour, comment ça va ? ». Même si sa phrase est correcte, il ne comprend pas son propre discours; il se contente de répéter des sons. 

Enseignements sur la chambre chinoise

L’expérience de pensée de la chambre chinoise soulève des questions profondes sur l’intelligence et notre perception de la compréhension.

D’une part, il est essentiel de reconnaître les limites des intelligences artificielles génératives qui donnent l’illusion de compréhension. En réalité, ces systèmes produisent “bêtement” des résultats cohérents grâce à des règles édictées dans des algorithmes. Malgré tout, ces technologies sont de formidables outils pour traiter l’information. Il convient juste de rester prudent et garder son discernement lorsqu’on les utilise.

Le deuxième point que l’on peut noter est que le test de Turing est insuffisant pour déterminer si un système est réellement “intelligent”. Toutefois, il reste adapté pour évaluer la capacité d’une machine à imiter l’intelligence humaine.

Enfin, cela soulève aussi une question profonde : qu’est-ce que l’intelligence ? Est-ce la capacité à comprendre, communiquer, s’adapter, résoudre des problèmes ? Est-elle logique, émotionnelle, créative ou encore sociale ? Encore aujourd’hui, il existe de multiples définitions pour ce terme. A ce titre, la chambre chinoise nous invite à réfléchir à notre conception de l’intelligence.

Conclusion

Un système peut imiter l’intelligence humaine en manipulant des données à partir de règles spécifiques, sans pour autant comprendre les résultats qu’il produit. Cette illusion de la compréhension est mise en lumière par l’expérience de pensée de la chambre chinoise.

Sources

Wikipedia – Chambre chinoise : https://fr.wikipedia.org/wiki/Chambre_chinoise

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L’effet cobra

Connaissez-vous l’histoire des cobras de Delhi ? Au 19e siècle, Delhi fait face à une invasion de cobras venimeux. Pour résoudre le problème, les autorités instaurent une prime pour chaque cobra mort rapporté. D’abord efficace, la mesure entraîne ensuite des dérives : des habitants élèvent des cobras pour profiter de la récompense. En découvrant la supercherie, l’administration supprime le programme. Furieux, les éleveurs relâchent leurs serpents dans les rues. Résultat : la situation empire car la population de cobras augmente drastiquement. Cette histoire vraie illustre un phénomène bien connu en économie et en sciences sociales que l’on nomme l’effet Cobra. Ce terme désigne une situation où une tentative de solution à un problème entraîne des conséquences involontaires qui empirent la situation initiale. C’est parti pour quelques explications !

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L’effet Cobra

Quand les solutions aggravent le problème

L’effet cobra désigne un phénomène qui survient lorsqu’une tentative de résolution d’un problème a pour effet pervers de l’aggraver. La principale raison repose sur un principe simple : lorsqu’on met en place une solution ou une réglementation pour encourager un comportement, les individus cherchent un moyen de contourner ou d’exploiter ce nouveau système à leur avantage, souvent au détriment de la finalité recherchée. 

L’effet Cobra : 3 cas concrets

De nombreux exemples illustrent ce phénomène : 

    • Les politiques de limitation des émissions de CO₂ : Certains pays cherchent à imposer des quotas d’émissions aux entreprises pour réduire la pollution. Pour éviter les contraintes, les sociétés délocalisent leurs usines vers des pays sans restrictions, ce qui aggrave le problème à l’échelle mondiale.
    • La chasse aux nuisibles en Chine. Au cours du 20e siècle, la Chine lance une campagne d’extermination de nuisibles, dont les moineaux. La disparition de ces oiseaux fait exploser la population d’insectes. Leur prolifération provoque l’effondrement de la production agricole ce qui entraîne une famine qui fait des millions de morts.
    • Les restrictions de vitesse sur les routes : Pour réduire les accidents, la pollution ou les embouteillages, certaines villes imposent des limitations strictes. Ces restrictions poussent des conducteurs à emprunter des routes secondaires inadaptées ce qui aggravent les problèmes initiaux.

Quelques enseignements à appliquer au quotidien

Pour éviter le piège de l’effet cobra au quotidien, voici plusieurs principes essentiels :

    • Analyser les conséquences possibles : Avant de mettre en place une solution, il est judicieux de prendre le temps de réfléchir aux effets indirects et aux comportements qu’elle pourrait encourager. 
    • Tester à petite échelle : L’idéal est d’expérimenter les solutions sur un groupe restreint pour mesurer les conséquences.
    • S’appuyer sur la motivation intrinsèque plutôt que la simple punition ou récompense. Les nouveaux comportements doivent être motivés de préférence par le plaisir que procure l’activité plutôt que par des systèmes basés sur le principe de la carotte et du bâton.

Conclusion

L’effet Cobra désigne un phénomène qui survient lorsqu’une tentative de résolution d’un problème a pour effet pervers de l’aggraver. Pour l’éviter, il est judicieux de réfléchir aux conséquences à long terme, de tester la solution à petite échelle ou de rechercher la motivation intrinsèque.

Sources

Wikipedia – L’effet Cobra : https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_cobra

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Les 3 types de motivation

Si l’on vous donnait un an pour gagner un million d’euros, pensez-vous y arriver ? Probablement pas. Par contre, si maintenant on vous demandait d’atteindre le million dans l’année sous peine de perdre tous vos proches à la fin du délai. Dans ce cas, davantage de personnes s’estiment en mesure d’atteindre l’objectif. Paradoxalement, la tâche et son délai restent identiques. La seule différence est la source de motivation. Cet exemple met en lumière une question fascinante : qu’est-ce qui nous pousse à agir ? Dans cet épisode, nous allons explorer 3 types de motivation et expliquer comment nous pouvons les utiliser pour améliorer notre quotidien. C’est parti ! 

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https://youtu.be/mfoc6wEpRI4

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Les 3 types de motivation

Des exemples pour illustrer les types de motivation

Motivation primaire : nos besoins biologiques

La motivation primaire repose sur nos besoins fondamentaux 

    • Nous sommes incités à nous hydrater à cause de la sensation de soif
    • Nous allons nous coucher à cause de la fatigue qui nous tiraille
    • La faim nous motive à manger

Bref, nous agissons parce que notre survie en dépend.

Motivation par récompense et punition : la carotte et le bâton

Ce type de motivation repose sur l’idée que nous agissons pour obtenir une récompense ou éviter une punition.

    • Un employé s’implique dans son travail pour espérer une augmentation
    • Un enfant fait ses devoirs pour éviter d’être puni par ses parents.
    • Un conducteur respecte les limitations de vitesse pour ne pas recevoir une amende.

Motivation intrinsèque : le plaisir d’agir pour soi-même

Elle se manifeste lorsque nous faisons quelque chose par plaisir, par intérêt personnel ou par passion, sans attendre une récompense extérieure.

    • Un adolescent joue aux jeux vidéos durant des heures simplement parce qu’il apprécie l’activité. 
    • Un artisan consacre sa vie à son art par amour de la pratique
    • Un enfant dessine sans qu’on lui demande, juste par plaisir.

Les 3 types de motivation

Pour résumer, la motivation se décline en trois catégories :

    • Motivation primaire (Motivation 1.0) liée à nos besoins biologiques. C’est la plus basique, mais elle est essentielle à notre survie.
    • Motivation extrinsèque (Motivation 2.0) : Elle repose sur le système de récompense et punition (la carotte et le bâton). Bien que très efficace, elle est parfois contre-productive notamment pour les tâches complexes qui n’octroient pas un bénéfice immédiat. 
    • Motivation intrinsèque ( Motivation 3.0) : C’est la motivation qui vient de l’intérieur, basée sur le plaisir, l’autonomie et le sens. 

Dans son livre, la vérité sur ce qui nous motive, Daniel Pink explique que les meilleures performances à long terme proviennent de la motivation 3.0. Pourtant, nos organisations se focalisent principalement sur le modèle de la carotte et du bâton. On l’observe particulièrement dans le système éducatif qui encourage les bons résultats et réprime les erreurs.

S’appuyer sur les types de motivation au quotidien

En tout cas, les différents types de motivation sont de puissant levier pour nous aider à passer à l’action. Le schéma de la carotte et du bâton est particulièrement utile pour les tâches désagréables et répétitives. Associer une récompense à une activité déplaisante tend à la rendre moins pénible.

    • S’offrir un temps de jeu après une session de travail
    • Ecouter de la musique pendant les tâches ménagères
    • S’autoriser à utiliser 20% de nos économies réalisées pour se payer un voyage

Toutefois, il est important de garder en tête que les meilleurs résultats surviennent lorsqu’on est motivé par la tâche en elle-même. Par exemple : 

    • Pratiquer un art martial car on aime la discipline ou le combat
    • Organiser un repas en famille car on aime cuisiner, accueillir et passer du temps avec ses proches
    • Développer un business dans telle discipline car on continuerait à faire cette activité même gratuitement.

En fait, l’idée est de chercher le bonheur dans la pratique.

Conclusion

Nous avons exploré trois types de motivation :

    • la motivation primaire liée à nos besoins biologiques
    • la motivation extrinsèque qui repose sur les récompenses et punitions
    • la motivation intrinsèque en lien avec le plaisir d’agir

Plus nous favorisons la motivation 3.0, plus nous avons de chances de rester engagés et épanouis sur le long terme.

Sources

Daniel Pink, « La vérité sur ce qui nous motive » (Lien vers le résumé du livre).

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Le raisonnement inductif et le raisonnement déductif

Comment prouve-t-on que la Terre est ronde ? Comment vérifier la validité d’une théorie scientifique ? Dans un autre registre, comment expliquer qu’à partir d’une même réalité, les individus aboutissent à des opinions différentes ? Par exemple, certaines expliquent que le réchauffement climatique est causé par les activités humaines alors que d’autres considèrent que ces changements sont dus à des cycles naturels. Dans cet épisode, intéressons-nous à la manière dont nous raisonnons. Découvrons plus précisément le raisonnement inductif et le raisonnement déductif. C’est parti !

Version vidéo

https://youtu.be/kfP-YeebL2I

Version audio

https://open.spotify.com/episode/3TTk34MvWqI47Ni8rKIg9I?si=CngBzGd0ShGE5x3v6NnRwQ

Le raisonnement inductif et le raisonnement déductif

Exemple pratique – Quand les cartes révèlent nos raisonnements

Commençons par un cas pratique pour illustrer une manière de raisonner. Considérons un jeu de cartes que nous mélangeons. 

On nous donne l’unique règle suivante : si la carte est un as (A), alors sa couleur au verso est rouge (R) que l’on symbolise par la règle A→R 

Essayons de prédire, les résultats des prochains tirages : 

    • Cas 1 – Modus Ponens : Je tire un as (A). Peut-on déduire la couleur de la carte ? Oui car l’implication logique stipule qu’un as est rouge. (A→R)
    • Cas 2 – Négation de l’antécédent : On tire maintenant une dame (non A). Peut-on conclure que la carte n’est pas rouge ? Non, car la règle ne donne aucune indication pour ce scénario. (non A → ?)
    • Cas 3 – Affirmation du conséquent : Nous piochons ensuite une carte rouge (R). Peut-on conclure que c’est un as (A) ? Non, car une carte rouge n’est pas forcément un as. (R → ?)
    • Cas 4 – Modus Tollens : Nous tirons une carte bleue (non R). Peut-on conclure qu’il ne s’agit pas d’un as (non A) ? Oui, car cela respecte la contraposée logique. (non R → non A)

Ces exemples illustrent le raisonnement déductif. Le principe revient à partir de règles strictes pour prévoir les résultats. A l’inverse, il existe le raisonnement inductif qui consiste à partir d’observations pour formuler des théories.

Induction vs Déduction – Deux manières de raisonner

Le raisonnement inductif

Si l’on observe que le soleil se lève à l’Est tous les jours, on peut théoriser  que le soleil se lève toujours à l’Est. C’est un raisonnement inductif. Nous formulons des règles à partir d’observations. Notons que l’induction n’offre pas de certitude : il suffit d’un jour où le soleil se lève à l’ouest pour réfuter la théorie. Pour reprendre un exemple avec un jeu de cartes, on pourrait tirer 3 dames, constater que la carte au verso est toujours bleue et émettre la théorie que si la carte est une dame (D), alors sa couleur au verso est bleue (B) (D→B). Toutefois, il suffit d’un contre exemple pour invalider la théorie. A ce propos, les théories les plus robustes sont celles pour lesquelles il n’existe aucune observation contradictoire.

Le raisonnement déductif

Le but consiste à partir d’une règle générale pour prédire le résultat, comme nous l’avons fait dans l’exercice en début de l’épisode. Une citation illustre parfaitement le raisonnement déductif : “tous les humains sont mortels, alors Socrate, en tant qu’humain, est mortel”. Notons que la déduction dépend entièrement de la validité de la théorie initiale.

En résumé, on peut retenir que l’induction explore des tendances pour élaborer des idées, tandis que la déduction teste des théories pour les confirmer ou les réfuter. 

Intégrer ces raisonnements dans la vie quotidienne

Concrètement, voici plusieurs conseils que nous pouvons appliquer au quotidien : 

Observer les récurrences pour formuler des théories tout en évitant de les considérer comme la vérité absolue (raisonnement inductif)

Par exemple, les économistes constatent que les périodes de croissance sont souvent suivies de récessions, selon un cycle apparent de 8 à 10 ans. Partant de ces observations, ils établissent des modèles prédictifs basés sur ces récurrences. Pourtant, il est primordial de prendre en considération que rien ne garantit que la prochaine crise suivra la même temporalité. Tout comme pour les trois dames bleues, même si l’observation est récurrente, rien de garantit que la règle qui en découle sera vraie éternellement.

Trouver un contre-exemple pertinent pour invalider n’importe quelle théorie 

Par exemple, si l’on se balade régulièrement dans les parcs, on pourrait facilement conclure que tous les cygnes sont blancs. Pourtant, il suffit de tomber sur une espèce de cygnes noirs originaire d’Australie pour immédiatement invalider cette théorie. De la même façon, on peut remettre en question les conclusions de Newton stipulant que les lois de la mécanique classique s’appliquent uniformément à tous les objets en mouvement. Des expériences sur des particules subatomiques montrent que la mécanique quantique décrit mieux leur comportement. 

Mélanger induction et déduction

En fin de compte, on peut retenir que l’induction nous aide à générer des idées et des théories, tandis que la déduction permet de les éprouver. Pour mieux raisonner, l’idéal est de s’appuyer sur ce double regard.

Conclusion

L’induction et la déduction sont deux piliers de notre manière de penser. Le raisonnement inductif permet de construire des théories à partir d’observations. La déduction consiste à prédire le résultat en partant de règles générales.

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La loi de l’effort inverse

Si l’on vous demande de ne pas penser à un éléphant rose, à quoi pensez-vous en ce moment ? à un éléphant rose, n’est-ce pas ? Cet exemple paradoxal illustre ce que l’on nomme la loi de l’effort inverse. Ce phénomène décrit les situations où nos tentatives pour atteindre un objectif spécifique produisent un résultat contre-productif. Explorons ce principe étonnant, bien connu des philosophes et psychologues. C’est parti !

Version vidéo

https://youtu.be/XIbHayAGWqU

Version audio

Qu’est-ce que la loi de l’effort inverse ?

La loi de l’effort inverse définit le principe selon lequel plus une personne s’efforce d’atteindre un but, moins elle a de chances de l’atteindre. Cette idée a été popularisée par le philosophe britannique Alan Watts, qui le présente par une métaphore saisissante : « Quand vous essayez de rester à la surface de l’eau, vous coulez ; mais quand vous essayez de couler, vous flottez. ». Plusieurs études mettent en évidence ce concept. 

Par exemple, Daniel Wegner développe la théorie du processus ironique. Au cours d’une expérience, il montre deux photos de skinhead aux participants et leur demande de décrire leur quotidien. Lors de la présentation de la première photo, le groupe a pour consigne d’éviter les stéréotypes dans leurs descriptions. Aucune instruction d’inhibition n’est donnée pour l’autre portrait. Lorsqu’on compare les résultats à ceux d’un groupe témoin, on constate que les descriptions sont moins stéréotypées dans le premier cas mais elles le sont davantage pour le second portrait. 

Il y a également l’étude de Mark Lepper, David Greene et Richard Nisbett sur les récompenses excessives et la motivation intrinsèque. Ils constatent que les enfants qui dessinent spontanément perdent leur motivation dès lors qu’on leur offre une récompense pour cette activité. Leurs tentatives pour faciliter l’atteinte de l’objectif sont contre-productives. 

Dans leurs recherches en 2009, les psychologues Edward Deci, Richard Koestner et Richard Ryan comparent la motivation d’étudiants invités à participer à une étude. Ils soumettent une partie des participants à une forte pression pour les inciter à s’engager. Les résultats montrent que la pression excessive diminue la motivation intrinsèque des sujets ce qui nuit à l’objectif initial recherché.

Conseils pratiques pour mieux appliquer la loi de l’effort inverse

Au quotidien, les fondements de la loi de l’effort inverse s’observent à différent niveau. Le cas de l’insomnie est assez parlant. Lorsqu’une personne cherche à s’endormir rapidement, il est courant qu’elle se retrouve incapable de trouver le sommeil. La charge mentale générée par ses pensées et la volonté de s’endormir accentuent le stress et l’empêchent de se détendre. 

Pour mieux gérer les situations où les efforts pour réussir deviennent contre-productifs, il est pertinent d’oser lâcher prise, faire des pauses et prendre du recul. Le concept du « wu wei », inspiré de la philosophie taoïste, coïncide à cette approche. Le but est de nous adapter naturellement au cours des choses sans forcer les événements : viser “l’action sans effort”. 

Conclusion

La loi de l’effort inverse nous enseigne que trop d’efforts peuvent parfois nous éloigner du résultat recherché. Plutôt que de viser l’intensité extrême, la clé du succès se trouve parfois dans le relâchement et la flexibilité.

Sources

    • Loi de l’effort inverse, eb-consult.fr : https://eb-consult.fr/carrousels/loi-de-l’effort-inverse.pdf
    • BBC Afrique, article sur la loi de l’effet inverse : https://www.bbc.com/afrique/articles/c80wyqgjwg7o
    • Wikiepedia : l’effet rebond : https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_rebond_(psychologie_sociale)

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