Le principe de Peter – syndrome de la promotion

Les supérieurs hiérarchiques sont-ils incompétents ? Découvrons une règle sur les organisations hiérarchiques qui a mis en évidence le syndrome de la promotion, aussi appelé le principe de Peter. C’est parti 

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Le principe de Peter

Le principe de Peter stipule que « dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s’élever à son niveau d’incompétence ».

L’origine du concept provient d’un livre écrit par un psychologue et enseignant canadien Laurence J Peter : The Peter Principle en 1969 qu’il élabore avec un autre écrivain canadien Raymond Hull.

Règles sur les structures hiérarchiques

Après avoir évalué le niveau de compétences des gens dans diverses organisations, les auteurs proposent une analyse des systèmes hiérarchiques et des évolutions de carrière.

Ils émettent les règles suivantes :

1ere règle : un individu compétent à un poste donné est promu à un niveau hiérarchique supérieur. Par contre un individu incompétent, n’est ni promu ni rétrogradé.

Ils en déduisent ensuite le corollaire suivant :

2ème règle : Un individu ne restera dans aucun des postes où il est compétent puisqu’il sera promu à des niveaux hiérarchiques supérieurs. Or, l’employé finira par atteindre un poste auquel il sera incompétent. N’étant plus compétent, il ne sera plus promu et restera sur son poste.

Les auteurs en concluent :

Règle 3 : A long terme, tous les postes finissent par être occupés par des individus incompétents pour leur fonction. La majorité du travail est effectuée par des employés n’ayant pas encore atteint leur « seuil d’incompétence ».

Enoncé du principe

L’ensemble de ses règles permettent d’élaborer le principe de Peter : « dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s’élever à son niveau d’incompétence », avec pour corollaire que « avec le temps, tout poste sera occupé par un employé incapable d’en assumer la responsabilité ».

Observations et enseignements

Les auteurs complètent leur thèse avec d’autres observations. Pour n’en citer que trois :

  • Les individus incompétents tendent à effectuer des tâches à faible valeur ajoutée : réunions, colloques, séminaires, conférences…
  • Du fait qu’un manager incompétent ne peut quitter son poste, c’est la sous-hiérarchie qui se substitue généralement à son rôle.
  • Afin de palier au fait que les postes stratégiques ne soient occupés par des incompétent, les organisations recourrent à la « sublimation percutante ». La manœuvre consiste à accorder à une personne incompétente une promotion vers un poste plus prestigieux en apparence, mais à responsabilité très inférieure. 

Validations et critiques

On peut noter que le principe de Peter a fait l’objet de recherches universitaires qui ont étudié sa validité par modélisation ou par confrontation à des cas réels, certaines concluant à sa validité complète ou partielle. 

On peut citer plusieurs exemples :

  • Un article de l’économiste d’Edward P. Lazear de l’Université Stanford paru dans le Journal of Political economy de 2004,
  • Un article de 2006 rédigé par Tim Barmby traitant de la perte de productivité à la suite de promotions.
  • Un étude de James Ike Schaap en 2011 relatant une enquête réalisée sur des entreprises américaines

A l’opposé, les détracteurs jugent le principe de Peter trop simpliste à cause de sa nature trop générale mais encore par la présence d’a priori, notamment le fait que les promotions sont accordées uniquement sur la base de la compétence.

Quoiqu’il en soit et pour aller plus loin, on peut citer une version aggravée et humoristique du principe de Peter : la Loi de Dilbert.

« Les gens les moins compétents sont systématiquement affectés aux postes où ils risquent de causer le moins de dégâts : ceux de managers. »

Conclusion

Le principe de Peter est une sorte de règle sur les organisations hiérarchiques qui met en évidence le syndrome de la promotion. Ce principe stipule que « dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s’élever à son niveau d’incompétence », avec pour corollaire que « avec le temps, tout poste sera occupé par un employé incapable d’en assumer la responsabilité ».

Ressources :

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    L’appel à l’autorité – 10 stratégies

    Comment faire passer son message avec autorité ? Découvrons une dizaine de stratagèmes. C’est parti ! 

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    L’expérience de Milgram – la soumission à l’autorité

    Au début des années 1960, le psychologue Stanley Milgram démontre l’influence de l’autorité sur nos comportements.

    A travers son étude, il mesure le degré d’obéissance de plusieurs sujets. Ces derniers devaient envoyer des chocs électriques à un humain sur ordre du responsable de l’expérience.

    Le niveau de soumission est tel que la plupart des gens ont octroyé des décharges potentiellement dangereuses. 

    L’expérience de Milgram démontre notre tendance à obéir aveuglément aux figures d’autorité. (lien vers l’article)

    Ce biais est un puissant levier à exploiter pour influencer les comportements.

    Appel à l’autorité – Employer des références faisant autorité

    Une des clés consiste à faire illusion en utilisant une référence d’autorité pour appuyer ses propos. Découvrons plusieurs de ces subterfuges qui utilisent des biais cognitifs ou constructions sociales.

    L’argument d’autorité

    Ex : Tu dois prendre ton médicament car le médecin te l’a conseillé.

    L’objectif est d’argumenter en se contenant d’invoquer une figure autorité de manière à faire reposer la valeur du propos sur son origine plutôt que sur le véritable argument. 

    Voici d’autres exemples :

    • Le climat se réchauffe car la communauté scientifique le confirme
    • Notre politique économique porte ses fruits car une étude de l’INSEE le démontre
    • Comme l’a dit ma conseillère d’orientation, j’ai les capacités pour faire une école d’ingénieur

    La raison du plus fort.

     

    Ex : Nous devons soutenir l’Ukraine car si nous n’intervenons pas la Russie risque de nous attaquer. 

    L’objectif est de faire à appel à la force ou à la peur pour faire accepter une conclusion

    D’autres exemples :

    • Tu dois accepter cette mission, sinon nous te licencions en faisant jouer la clause de mobilité.
    • Si vous ne réglez pas deux loyers d’avance, nous louons cet appartement à un autre candidat.
    • Si vous ne faites pas barrage, nous risquons de revenir aux pires heures de notre histoire.

    La raison du plus riche / la raison du plus pauvre

     Le but consiste à prétendre qu’une conclusion est vraie uniquement parce que son sujet est riche ou à réussi.  Un tel argument sous-entend aussi que l’avis des personnes qui ont moins de succès ont forcément moins de valeur.

     Exemples :

    • Qu’est-ce que t’en sais, tu ne gagnes pas assez d’argent pour t’acheter une maison décente
    • Un film avec un tel budget et une telle affiche est forcément une réussite

    Par opposition, un autre stratagème consiste à invoquer la raison du plus pauvre. C’est-à-dire, prétendre à une conclusion vraie uniquement parce que le sujet de l’argument est pauvre.

    Exemple : 

    • Le peuple a forcément raison car les gens d’en bas sont plus proches de la réalité.

    La raison de la majorité

    Ex : « Dieu doit exister puisque la majorité des humains y croient depuis des millénaires. »

    L’appel à la popularité est largement répandu. L’idée est qu’un argument est forcément valable si un nombre important de personnes le considère comme vrai.

    Deux dictons illustrent parfaitement la limite de ce procédé fallacieux : 

    • « Si tout le monde fume, c’est que ça ne doit pas être trop mauvais ». 
    • « Des milliards de mouches ne peuvent pas se tromper, mangez de la merde ! »  — dicton

    Trois autres sophismes moins courants  

    • Argument par la foi : « C’est forcément vrai, puisque c’est écrit dans tel livre sacré. »
    • L’argument de la nouveauté : donner raison aux arguments les plus nouveaux ou qui semblent les plus modernes. Ex : « Le nouveau ministère sera plus efficace grâce à sa réorganisation ».
    • L’appel à la tradition :  prôner que l’ancienneté d’une théorie ou d’une assertion étaye sa véracité. Ex : Le mariage entre un homme et une femme est une tradition depuis des milliers d’années. Pour cette raison, nous ne pouvons pas autoriser le mariage gay.

    Pour finir, on peut rappeler que l’appel à l’autorité peut prendre différentes formes : 

    • Utiliser l’image d’un scientifique pour appuyer les qualités d’un produit
    • Citer des références en fin de publication pour appuyer le sérieux de ses propos
    • Faire appel à une célébrité, pour améliorer la qualité perçue d’un produit, même si le domaine d’expertise de la célébrité n’a aucun rapport avec le sujet

    Conclusion 

    L’appel à l’autorité est un puissant levier pour faire passer un message. Il existe des tas de subterfuges pour faire illusion en utilisant une référence qui fait autorité pour appuyer ses propos. De nombreux stratagèmes s’en inspirent et s’appuient sur des biais cognitifs ou constructions sociales.

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    La théorie de Campbell – Le voyage du héros

    Découvrons une stratégie pour être plus impactant dans son discours. Cette technique porte sur le concept du monomythe développé par le professeur Joseph Campbell. C’est parti pour quelques explication

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    La théorie de Campbell

    Un héros quitte le monde ordinaire pour s’aventurer dans une région merveilleuse et surnaturelle : des forces fabuleuses y sont rencontrées et une victoire décisive y est gagnée. Le héros rentre de cette mystérieuse aventure avec le pouvoir de faire des miracles pour le reste de l’humanité.

    Ce schéma narratif fait penser à de très nombreuses œuvres :

    • l’aventure de Frodon dans le seigneur des anneaux
    • l’épopée grecque du voyage d’Ulysse
    • la trame des différents arcs du manga One Piece

    En fait, un grand nombre d’histoires s’inspire d’une même structure narrative que l’on appelle “le voyage du héros”.

    C’est Joseph Campbell, un mythologue, professeur et écrivain américain, qui développe le concept du monomythe à partir des années 1940.

    La théorie de Campbell énonce que chaque récit suit généralement le même schéma narratif universel.

    La structure du monomythe – Le voyage du héros

    Le voyage du héros se structure en plusieurs temps

    1. la situation initiale
    2. la découverte qui pousse le héros à l’aventure
    3. les péripéties qui obligent le héros se transformer
    4. la résolution qui donne lieu à une morale

    Dragon Ball et la théorie de Campbell

    Par exemple, on retrouve ce schéma narratif dans la série Dragon Ball Z, notamment lors de la saga avec Boo ;

    1. La situation initiale : Les personnages vivent en paix et vaguent à leurs occupations.
    2. La découverte fabuleuse qui pousse le héros à l’aventure : Un sorcier apparaît dans le but de ressusciter le terrible démon : Boo.
    3. Les péripéties qui obligent le héros à se transformer : Les héros tentent de l’en empêcher mais le démon est libéré et ils sont obligés de l’affronter. Les héros doivent alors évoluer et se surpasser pour faire face aux différentes transformations du monstre.
    4. La chute de l’histoire donnant lieu à une morale : Finalement Boo est vaincu et l’humanité est sauvée grâce à l’aide de tous.

    La théorie de Campbell au cinéma

    Le voyage du héros est fréquemment utilisé comme technique d’écriture en littérature ainsi qu’au cinéma pour concevoir des scénarios. 

    Lors d’une conférence de presse à New York en 1999, George Lucas a admis s’en être inspiré pour sa trilogie de science-fiction Star Wars.

    Times Film Critic (1999) à New York. « Yes, I consider him a mentor. He was an amazing scholar and an amazing person. When I started doing Star Wars, I re-read Hero with a Thousand Faces. After Return of the Jedi, somebody gave me a tape of one of his lectures. I was just blown away by that. He was much more powerful as a speaker than he was as a writer. »

    La théorie de Campbell dans les discours 

    Dans son livre, votre empire dans un sac à dos, Stan Leloup explique que le modèle de Campbell colle aussi comme un gant aux meilleurs pitchs de vente.

    En adaptant légèrement la structure on obtient : « Vous avez un problème qui vous dérange tous les jours. Quittez votre réalité habituelle et achetez mon produit, aux capacités miraculeuses. Votre vie quotidienne en sera transformée et tout sera possible pour vous. »

    On retrouve quasiment la même schéma que la théorie de Campbell puisqu’on a :

    1. la situation initiale : le problème
    2. la découverte fabuleuse : La solution
    3. « le héros transformé » : Le résultat
    4. La morale de l’histoire : L’appel à l’action

    L’introduction de Meta faite par Mark Zuckerberg en octobre 2021 suit parfaitement le schéma du voyage du héros :

    1. La situation initiale : Actuellement Facebook est un média social qui vise à connecter les gens.
    2. La découverte fabuleuse : Or le métaverse est la prochaine résolution d’internet. Donc Facebook doit aller au-delà de cette nouvelle frontière
    3. Le héros transformé : Pour cela, l’entreprise ne doit plus se contenter de connecter les gens grâce à son savoir-faire mais elle doit faire en sorte que les gens soient au centre de cette technologie.
    4. La morale de l’histoire : Pour incarner cette vision, Facebook doit devenir Meta

    Source : https://www.youtube.com/watch?v=pjNI9K1D_xo

    Finalement, la structure narrative du monomythe peut être adaptée à toute sorte de discours que ce soit en politique, en marketing, pour faire passer ses messages, même dans le script des vidéos.

    Conclusion

    Joseph Campbell a mis en évidence le concept du voyage du héros. Les textes, récits ou discours qui s’en inspirent peuvent être plus impactant, car le schéma narratif permet de jouer sur l’imagination.  La structure doit être la suivante : Voici le problème … il existe une solution … voici le résultat … pour y arriver voici ce qu’il faut faire.

    Ressources

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    Ellen Langer – l’importance de donner une raison

    Découvrons une astuce pour passer devant tout le monde dans une file d’attente. Cette stratégie s’appuie sur un biais psychologique étudié par la psychologue américaine Ellen Langer. C’est parti pour quelques explications !

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    L’expérience d’Ellen Langer

    En 1977 à l’université d’Harvard, Ellen Langer et son équipe travaillent sur la compréhension du comportement humain.

    Ils mènent une expérience au niveau de la photocopieuse de la bibliothèque du campus où des individus patientent pour pouvoir l’utiliser.

    Des complices de l’expérience ont pour mission de demander aux étudiants de la file s’ils peuvent passer devant eux.

    Trois scénarios sont mis en place :

    • Requête uniquement : les complices formulent la requête suivante : « Excusez-moi, j’ai 5 pages. Puis-je utiliser la photocopieuse svp ? ». Dans ce cas, 60% des sujets acceptent de les laisser passer.
    • Requête avec une raison valable : les complices formulent la même requête accompagnée d’une raison : « Excusez-moi, j’ai 5 pages. Puis-je utiliser la photocopieuse car je suis pressé svp ? ». Dans ce cas 94% des sujets donnaient leur accord.
    • Requête avec une raison insensée : Les complices font la même requête en donnant la raison suivante  « Excusez-moi, j’ai 5 pages. Puis-je utiliser la photocopieuse car je dois faire des photocopies svp ? Dans ce cas, le taux d’acceptation reste à 93%. 

    Que nous apprennent ces résultats ?

    Explications

    L’expérience démontre l’influence d’une justification sur nos comportements. On remarque qu’à partir du moment où les requêtes sont justifiées, le taux de réussite passe de 60% à plus de 90%. 

    Mais le plus intéressant est que le taux de succès reste le même, peu importe la justification. Dans le second scénario, le complice explique qu’il est pressé : sa requête a du sens. Par contre dans le troisième cas, la raison évoquée n’apporte rien : le fait d’utiliser la photocopieuse pour faire des photocopies tombe sous le sens.

    C’est comme demander à des gens patientant à la caisse d’un supermarché si on peut leur passer devant en leur expliquant qu’on a besoin de payer ses courses.

    Quoiqu’il en soit, le fait de se justifier (même en donnant une raison absurde) augmente les chances de succès. Bien sûr, la stratégie reste valable tant que la justification reste cohérente par rapport à la situation.

    Ellen Langer mène d’autres expériences sur le sujet et publie ses résultats dans le Journal of Personality and Social Psychology.  

    source (lien vers l’étude) : https://www.researchgate.net/publication/232505985_The_mindlessness_of_ostensibly_thoughtful_action_The_role_of_placebic_information_in_interpersonal_interaction

    Les enseignements 

    L’expérience d’Ellen Langer apporte plusieurs enseignements sur le comportement humain.

    L’importance de donner une raison

    Comme l’explique Robert Cialdini dans son bestseller Influence et Manipulation : les gens aime avoir des raisons pour ce qu’ils font. C’est pourquoi il vaut mieux expliquer le pourquoi de ses requêtes. L’utilisation des termes « car » « parce que » ou « afin de » dans une phrase sont donc de puissants outils de persuasion.

    Lien vers mon résumé du livre Influence et Manipulation de Robert Cialdini : https://misterfanjo.com/index.php/2018/08/22/influence-et-manipulation-robert-cialdini-projet-p04-resumes-de-livre/

    Oser demander

    Lorsqu’on prend du recul sur les chiffres de l’expérience d’Ellen Langer, on constate que même sans invoquer de raison, les complices de l’expérience parviennent à obtenir un taux d’acceptation pour leur requête de 60%. La leçon simple que l’on peut en tirer est qu’il ne faut pas hésiter à demander. 

    Toujours remettre en question les raisons que l’on nous donne et que l’on se donne 

    Ellen Langer démontre que les justifications influencent nos comportements et que notre cerveau tend à se satisfaire de n’importe quelle raison (bonne ou mauvaise).

    Or parfois on se contente de se trouver une excuse pour justifier de mauvais choix :

    • fumer car on est stressé
    • annuler sa séance de sport car on est fatigué
    • reporter une tâche car on a en une autre plus urgent à faire

    Pour éviter de se faire manipuler, il convient de prêter attention aux justifications que l’on nous donne et surtout celle que l’on se donne

    Conclusion

    La psychologue Ellen Langer a mis en évidence le fait que les justifications influencent nos comportements même si les raisons invoquées sont absurdes.

    Ainsi, on peut retenir :

    • il est préférable d’exprimer une requête en donnant une raison car elle a plus de chance d’aboutir
    • Il convient d’être vigilant sur les raisons que l’on nous donne et qu’on se donne à soi-même.

    Ressources

     

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    L’effet cigogne – Confondre conséquence et causalité 

    L’effet cigogneDécouvrons une erreur de raisonnement appelée l’effet cigogne. C’est parti !

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    L’effet cigogne

    L’effet cigogne, c’est prétendre que si deux événements sont corrélés, alors, il y a automatiquement un lien de cause à effet entre les deux. 

    Le nom de ce sophisme fait référence à la corrélation trompeuse entre le nombre de nids de cigognes et celui des naissances humaines. Selon les observations, plus il y a de nids de cigognes dans une ville, plus le taux de natalité est élevé. Donc d’après la légende alsacienne, ce sont les cigognes qui apportent les bébés.

    Explications

    L’effet cigogne - Schéma

    L’argument fallacieux peut être résumé ainsi :

    • L’événement A (le nombre de naissance) est corrélé à l’événement B (la présence des nids de cigognes)
    • Donc B cause A.

    Voici un autre exemple illustrant cette erreur de raisonnement :

    L’effet cigogne - Accident et café

    Dans la majorité des accidents de circulation le matin, les conducteurs avaient consommé du café. Autrement dit, on observe donc une corrélation entre les accidents de voiture (événement A) et l’absorption de café (événement B). L’effet cigogne, c’est dire, le café du matin provoque des accidents. L’événement B cause A.

    Exemples de sophisme

    La confusion entre corrélation et causalité est très fréquente et peut être à l’origine de nombreuses erreurs de raisonnement. Par exemple :

    “Faire la vaisselle nuit à l’activité sexuelle’”

    En janvier 2013,  le journal Libération édite un article intitulé “Faire la vaisselle nuit à l’activité sexuelle”. Le journal s’appuie sur un étude menée par l’association américaine de sociologie.

    Cette étude s’intéresse au lien entre la participation des hommes dans les tâches ménagères et la fréquence des rapports sexuels dans leur couple. Les résultats montrent que les couples où l’homme s’attèle à des tâches davantage masculines comme le bricologe ou jardinage ont d’avantage de rapports sexuels que les couples où la répartition des tâches est plus égalitaire. On observe donc une corrélation entre la fréquence des rapports et la nature des tâches ménagères. Cependant Libération conclut à un lien de cause à effet en disant que la vaisselle nuit à l’activité sexuelle. Il s’agit d’un raccourci qui induit une erreur de raisonnement. L’étude montre certes une corrélation, mais en aucun cas elle ne certifie un lien de causalité entre les deux événements.

    Sources : 

    “Les femmes, antidote à la crise boursière”. 

    En octobre 2008, le Monde sort un article intitulé “Les femmes, antidote à la crise boursière”. L’éditorialiste Annie Kahn constate que les sociétés qui ont un fort taux de féminisation résistent mieux aux tourmentes des marchés. De cette corrélation, elle en déduit un lien de cause à effet entre les femmes et la résistance des entreprises face aux crises. 

     

    Source : Le Monde – “Les femmes, antidote à la crise boursière” : https://www.lemonde.fr/idees/article/2008/10/15/les-femmes-antidote-a-la-crise-boursiere-par-annie-kahn_1107126_3232.html

    Dormir moins pour vivre plus longtemps

    En février 2002, une étude s’intéresse au lien entre sommeil et mortalité . Après avoir suivi plus d’un million d’américain pendant 6 ans, les résultats montrent que les « gros » dormeurs ( plus de 8 heures de sommeil par nuit) ont un ratio de mortalité plus élevé de 15 %. Certains médias comme le journal canadien The Globe and mail en concluent que pour vivre longtemps, il faut moins dormir.

    Sources :

    Ces exemples illustrent l’effet cigogne. L’erreur de raisonnement consiste à conclure une relation de cause à effet entre deux événements simplement car ceux-ci sont corrélés.

    Une corrélation n’implique pas nécessairement une causalité

    Même si l’on observe que la majorité des gens décèdent dans un lit, on ne peut pas automatiquement en conclure que les lits causent des décès.

    En réalité, lorsqu’un événement A est corrélé à un événement B, il existe 5 possibilités :

    • A est (effectivement) la cause de B.
    • B est la cause de A.
    • A est la cause de B et, en même temps, B la cause de A.
    • A et B ont toutes les deux une cause commune C.
    • Le lien entre A et B est accidentel, sans aucun lien de causalité.

    Finalement, le piège est qu’une corrélation n’implique pas nécessairement une causalité. 

    Conclusion

    La confusion entre corrélation et causalité est très fréquente et peut être à l’origine de nombreuses erreurs de raisonnement, comme l’effet cigogne. L’effet cigogne, c’est faire le raccourci suivant : « A et B sont corrélés, donc que B cause A ». En réalité, il se pourrait aussi que A cause B, ou bien que A et B aient une autre cause commune, ou encore que A et B n’aient aucun lien de causalité.

    Sources

    • Blog – la toupie : https://www.toupie.org/Biais/Effet_cigogne.htm

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    Biais cognitif : L’effet Koulechov

    Effet KoulechovConnaissez-vous l’effet Koulechov ? Découvrons cet étrange biais cognitif.

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    Expérience de montage de Lev Koulechov

    L’individu à l’origine de la découverte de l’effet Koulechov est controversé. Quoiqu’il en soit, le phénomène porte le nom du théoricien et réalisateur soviétique Lev Koulechov. Au début des années 20, il mène une expérience de montage. Le réalisateur prend un plan inexpressif et assez neutre de l’acteur Ivan Mosjoukine qu’il monte avant trois plans différents : 

    • Une assiette de soupe sur une table. 
    • Une fillette morte gisant dans un cercueil. 
    • Une femme allongé sur un canapé. 

    Il fait visionner les séquences à des spectateurs, puis il leur demande de commenter l’émotion que fait transparaître l’acteur dans chaque cas. Etonnamment, le public juge que le jeu de Mosjoukine exprime différents ressentis, de l’appétit pour le premier plan, de la tristesse pour le second et du désir dans le dernier. Pourtant le plan initial avec l’acteur est identique dans les trois représentations. C’est l’effet Koulechov.

    Effet Koulechov et pratiques

    En fait, l’effet Koulechov désigne la propension d’un plan à influer sur le sens du suivant.  Le montage permet ainsi de suggérer des émotions qui ne sont pas présentes à l’écran.  

    L’association des deux plans a davantage d’impact que lorsqu’on les diffuse individuellement. Il s’agit d’un biais cognitif qui s’appuie sur l’effet de récence et la mémoire à court terme.

    Appliquons cette effet : si l’on prend la scène de la rencontre avec l’hypogriffe dans Harry Potter et que l’on isole la séquence où l’acteur joue une certaine émotion, on peut lui donner une toute autre signification en juxtaposant un autre plan juste avant, comme par exemple :

    Source d’inspiration pour l’exemple : https://9gag.com/gag/avA7mjn

    On peut noter que la musique crée également une ambiance qui a un impact sur le ressenti du spectateur lorsqu’il visionne une séquence.

    Si l’on reprend le plan initial de Koulechov, voici ce que ça pourrait donner en changeant la musique de fond. 

    Conclusion

    L’effet Koulechov est un biais cognitif qui désigne la propension d’un plan à influer sur le sens du suivant. L’interaction entre ces plans permet de suggérer des émotions qui ne sont pas présentes à l’écran.

    Sources :

    • Articles :
    • Vidéo :
      • Vidéo – Le monde – Contrechamp#2 : l’effet Koulechov : comment faire croire qu’un acteur sait bien jouer ?
      • Montage Harry Potter video source : https://9gag.com/gag/avA7mjn

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    Les effets de contraste

    Notre cerveau peut facilement être trompé sur la réalité d’un phénomène à cause de la manière dont il traite l’information. Par exemple, si l’on trempe en même temps la main droite dans l’eau froide et la main gauche dans l’eau chaude et qu’on les place ensuite toutes les deux dans un l’eau tiède, alors on ressentira des températures différentes avec les deux mains. Explorons des biais de perception induits par les effets de contraste. C’est parti !

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    Les effets de contraste

    Un fort contraste peut altérer notre perception et biaiser notre raisonnement. 

    Les contrastes en lien avec la perception visuelle

    L’impact des couleurs

    Sur l’image ci-dessus, on remarque que le carré sur fond orangé apparaît plus sombre que celui placé sur fond bleu. En fait, les forts contrastes de couleurs altèrent notre perception. Les artistes s’appuient sur ce genre d’effet pour magnifier les teintes de leurs œuvres. 

    Pour illustrer, prenons le tableau de Monet – Les meules à Giverny. D’une part, on observe des couleurs chaudes : le ciel est jaune orangé à l’horizon, les mottes possèdent des teintes rougeoyantes et les rayons réfléchis dans le champ sont de couleur orange. En parallèle, Monet utilise des couleurs froides, en particulier le bleu cyan, pour accentuer les ombres et faire ressortir les couleurs chaudes. Cet effet de contraste donne l’illusion de réalisme. 

    Quoiqu’il en soit fort contraste de couleur attire l’œil. Cela fait écho au biais de perception appelé l’effet Von Restorff (lien vers l’article)

    L’influence du physique

    La confiance en soi d’un individu varie en fonction de s’il est entouré de personnes physiquement attirantes ou s’il est au milieu de gens à leur désavantage. Le phénomène est démontré par deux américains : Stanley J. Morse et Kenneth J. Gergen en 1970. L’étude portait sur l’influence du physique sur l’estime de soi. Les psychologues constatèrent que dans une salle d’attente pour un entretien d’embauche, les sujets entourés de quelqu’un de négligé, sale et mal habillé se sentaient plus en confiance. Par contre, dans le cas où leur voisin était quelqu’un d’élégant, propre et paraissant bien préparé à l’entretien, alors les sujets avaient moins confiance en eux.

    Les contrastes de physique ont un impact direct sur notre perception. C’est pourquoi les personnages principaux dans les films, séries ou publicités tendent à être plus plus attirants physiquement que leurs compagnons ou leurs adversaires.

    Contraster la perception de la valeur

    Imaginez aller dans une librairie pour acheter un livre. L’ouvrage est vendu 25€. Après une rapide vérification sur internet, vous constatez que le même produit coûte 14€ chez le libraire situé juste à deux rues. Question : vous déplaceriez-vous dans cette autre libraire pour acheter le livre? 

    Autre cas, imaginez que vous souhaitiez acquérir un nouveau Smartphone. Vous vous rendez dans une boutique, le vendeur vous accueille et vous propose un appareil qui répond parfaitement à votre besoin à 800€. Avant d’acheter, vous effectuez une comparaison sur internet et vous trouvez le même téléphone à 789€ dans une boutique juste à côté. Même question, vous rendriez-vous dans cette autre boutique pour acheter l’appareil ? 

    Si vous vous comporteriez différemment dans ces deux situations, vous êtes peut-être soumis à un biais de perception. Pourquoi se déplacer dans un cas et pas dans l’autre, alors que l’économie réalisée est identique.

    L’art de vendre les objets en options 

    Les effets de contraste sont un puissant outil en marketing. En contrastant la valeur des produits il est possible d’altérer le jugement de l’acheteur. 

    Par exemple, une technique consiste à proposer des options en complément de l’achat d’un objet beaucoup plus onéreux. Après avoir choisi un costume à 200€, le vendeur propose généralement une cravate ou une ceinture à 20€. Après avoir choisi son modèle de voiture à plus de 20 000€, le commercial propose des options supplémentaires à quelques centaines d’euros. 

    La valeur des produits en complément semble abordable par rapport au prix total et celà incite les clients à les prendre.

    Markita Andrews et la vente de cookies 

    L’américaine Markita Andrews est devenue célèbre en utilisant une technique de vente similaire. Lorsqu’elle était scout, elle faisait du porte à porte pour vendre des boîtes de cookies. Durant la conversation, elle proposait d’abord aux gens de faire un don d’un gros montant pour son association. Dans un second temps, elle présentait une seconde alternative : acheter une petite boîte de cookies en guise de soutien. Devant l’écart considérable de prix, les gens se précipitaient sur la dernière option.

    On peut noter qu’il existe de très nombreux exemples et pratiques montrant l’influence de la perception de valeur sur nos jugements :

    • lors d’une loterie, le contraste entre la possibilité d’un gain énorme par rapport au faible coût du ticket rend attractif l’option de participer
    • En négociation, il existe la technique de l’ancrage. L’objectif est de formuler une requête trop excessive pour qu’elle soit acceptée. Ensuite il suffit de proposer des alternatives de plus en plus raisonnables, qui restent excessives mais dont la première proposition aura altérer leur perception.

    Conclusion

    On peut retenir que les effets de contraste peuvent altérer notre perception et biaiser notre raisonnement.

    Sources

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    L’effet Zeigarnik

    Connaissez-vous l’effet Zeigarnik ? Il s’agit de notre étrange tendance à nous rappeler plus facilement des tâches inachevées que des tâches terminées. Expliquons ce concept et découvrons quelques enseignements sur le sujet.

    Vidéo

    L’effet Zeigarnik

    Les garçons de café et la mémorisation des commandes

    Assise à la terrasse d’un restaurant, la psychologue Bluma Zeigarnik observe les serveurs en action. Elle constate que les garçons de café  parviennent à mémoriser avec beaucoup d’aisance le détail de chaque commande. Cependant, dès qu’elles sont servies ou payées? les serveurs les oublient complètement.

    La validation expérimentale

    Zeigarnik développe des expériences pour étudier le comportement. Dans l’une d’elles, les sujets de l’étude doivent réaliser un panel de tâches dans un temps déterminé. Une fois le temps écoulé, ils sont invités à énumérer toutes les tâches dont ils se souviennent. 

    Les résultats montrent que le taux de mémorisation des actions inachevées est presque deux fois plus élevé que le taux de mémorisation de celles qui ont été réalisées. 

    La psychologue conclut que nous restons davantage focalisés sur une tâche non effectuée que sur une tâche terminée. C’est l’effet Zeigarnik.

    Hypothèse explicative et conséquences

    L’explication à ce phénomène est que notre cerveau développe une tension spécifique dès qu’il commence une nouvelle tâche. Cette tension améliore nos capacités cognitives ce qui facilite l’exécution de l’action. Une fois la tâche finalisée, la tension se relâche. 

    Toutefois, tant que le processus d’exécution n’est pas terminé, le cerveau reste actif. C’est pourquoi notre charge mentale reste plus élevée avec les tâches inachevées qu’avec les tâches effectuées.

    Tirer profit de ce biais

    On peut noter qu’il existe plusieurs stratégies pour tirer profit ou limiter l’influence de l’effet Zeigarnik.

    Garder une tâche inachevée délibérément pour conserver l’attention

    Netflix utilise ce procédé dans la plupart des séries pour garder le spectateur en haleine. Lorsque l’épisode se termine sur une action ou un mystère non résolu, le suspense nous empêche  de nous sortir la série de la tête et on a envie de connaître la suite. Cette manière de dévoiler un mystère petit à petit  s’appuie sur l’effet Zeigarnik. L’idée consiste à peindre une solution progressivement au moyen de petites touches espacées pour conserver l’attention.

    Initier un projet pour saisir plus facilement les opportunités associées

    Du fait que nous gardons davantage en mémoire les tâches inachevées, il peut être judicieux d’initier un projet afin que notre cerveau reste focalisé sur sa réalisation. 

    Par exemple, en se lançant dans l’écriture d’un livre, un processus de reconversion professionnelle ou un achat immobilier …, notre attention aura tendance à être dirigée sur les tâches et les problématiques associées aux projets tant qu’ils ne seront pas bouclés.

    Ainsi nous sommes plus aptes à détecter les opportunités qui se présenteront : capter une opportunité professionnelle au détour d’une conversation, trouver une idée pour son livre en jouant à un jeu vidéo, découvrir un bien à vendre au hasard lors d’une balade … .

    Réduire les tâches pour limiter sa tension cognitive

    Plus on commence de tâches sans les finir, plus notre tension cognitive augmente. Ainsi il vaut mieux limiter ses activités pour ne pas avoir une surcharge mentale. 

    C’est aussi pourquoi il convient d’éviter le multitâche en se focalisant sur une action à la fois.

    Noter les tâches restantes pour réduire sa charge mentale

    Une autre technique pour limiter la tension cognitive consiste à noter ses tâches restantes sur des pense-bêtes. L’utilisation de to do lists permet de se libérer de l’espace mémoire. Il vaut mieux utiliser son cerveau pour réfléchir plutôt que pour se souvenir.

    Conclusion

    L’effet Zeigarnik désigne la tendance à nous rappeler plus facilement des tâches inachevées que des tâches terminées. Pour amoindrir l’impact de ce phénomène, la clé est de réduire le nombre de tâches entreprises pour limiter sa charge mentale. A l’inverse, on peut aussi garder les tâches importantes inachevées pour que notre cerveau reste focalisé sur leur résolution.

    Sources

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    Biais cognitif : L’effet de cadrage

    Découvrons un biais cognitif appelé l’effet de cadrage. C’est parti !

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    Le biais de cadrage

     Le biais de cadrage est notre tendance à être influencé par la manière dont est présentée une information.  

     Par exemple, dire “il y a 95% de chance que votre opération chirurgicale se déroule bien”, n’aura pas le même impact que dire “il y a 5% de chance que l’opération chirurgicale vous laisse de lourdes séquelles”. Pourtant, dans les deux cas, les statistiques sont identiques

    L’expérience de Kahneman et Tversky

    En 1981, les psychologues Daniel Kahneman et Amos Tversky démontrent ce phénomène dans une expérience.

     Ils proposent aux sujets de l’étude un exercice consistant à choisir entre deux alternatives pour combattre une épidémie pouvant causer la mort de 600 personnes.  

    • Le programme A qui permet de sauver 200 personnes
    • Le programme B qui a 1/3 de sauver les 600 personnes et 2/3 de ne sauver personne.

    Résultat : 72% des personnes interrogées ont  préféré la  première option. 

    Les psychologues ont ensuite soumis un second groupe au même problème en modifiant la formulation de l’énoncé des deux alternatives. 

    • Si le programme C est mise en œuvre, 400 personnes périront
    • Si le programme D est adopté, il y a 1/3 que personne ne meurt, et 2/3 que 600 personnes périssent.

    Résultat : les sujets de l’expérience ont privilégié à 78% la seconde option.

    Explications :

    L’étude démontre que nos choix ne sont pas purement rationnels. Dans les deux variantes de l’expérience, les probabilités des options sont identiques. Les seules différences résident dans l’énoncé des propositions. Les psychologues montrent  ainsi que la formulation d’un problème peut avoir une influence sur nos prises de décisions. 

    Lien vers l’expérience : https://www.uzh.ch/cmsssl/suz/dam/jcr:ffffffff-fad3-547b-ffff-ffffe54d58af/10.18_kahneman_tversky_81.pdf

    Exemples et applications de l’effet de cadrage

    L’influence du vocabulaire

    D’une part, le vocabulaire employé crée un cadre qui oriente l’information :

    • On parle de « plan de sauvegarde de l’emploi » au lieu de « plan de licenciement 
    • On qualifie un soldat mort au combat de « héros de la nation » plutôt que « victime de la guerre »
    • On dit « la tendance du chômage est à la baisse » au lieu de dire « le chômage augmente mais moins rapidement »
    • On nous propose l’option « Oui, j’accepte de recevoir des e-mails promotionnels » plutôt que  « Non, je ne souhaite pas recevoir des e-mails promotionnels ».
    • Pour présenter un sondage, on dit qu’un politique a « 35% d’opinion favorable » alors qu’on pourrait aussi dire que « 65% des gens le désapprouvent ». 

    L’influence du visuel

    Les éléments visuels peuvent également influencer notre perception :

    L’influence du contexte

    L’effet de cadrage peut également être influencé par l’émotion ou le contexte qui précède ou englobe l’information :

    • Lors d’une conversation, on peut orienter la réponse de son interlocuteur grâce à la question que l’on pose. Par exemple, si, dans un premier temps, on vous demande : êtes-vous prêt à lutter contre le réchauffement climatique ? Puis, on vous demande : Seriez-vous prêt à acheter une voiture électrique pour réduire vos dépenses énergétiques ? Il y a de grande chance que les gens répondent  par l’affirmative à la première question. Et que dans un souci de cohérence, ils répondent davantage “oui” à la deuxième.
    • Dans le domaine de la publicité, l’émotion suscitée influence la manière dont sera perçu le produit. La représentation d’un cadre luxueux va engendrer un effet « wahou » qui va permettre d’associer produit et qualité. 
    • Lors du journal télévisé, si l’on souhaite inciter à la vaccination, on peut présenter dans l’article précédent les effets graves du Covid pour créer de l’inquiétude et ainsi appuyer son message sur l’intérêt du vaccin dans la rubrique suivante. 

    Conclusion

    Le biais de cadrage est notre tendance à être influencé par la manière dont est présentée une information.  Le cadre qui englobe cette information (le visuel, le vocabulaire ou le contexte), va déterminer la façon dont elle va être perçue, analysée et retenue.

    Sources

    • Articles
    • Vidéos
      • Pensées de travers : le biais de cadrage Par Foad Spirit : https://www.youtube.com/watch?v=jRTbCTwzJgE&ab_channel=FoadSpirit

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    L’effet Dunning Kruger – Biais de surconfiance

    Connaissez-vous l’effet Dunning Kruger ? Découvrons ce biais cognitif aussi appelé l’effet de surconfiance. C’est parti !

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    L’effet Dunning Kruger

    L’effet Dunning Kruger stipule que les moins qualifiés dans un domaine tendent à surestimer leur compétence. 

    Par exemple, les débutants en boxe ont tendance à ressentir un excès de confiance en leurs capacités après quelques leçons.

    Les psychologues américains David Dunning et Justin Kruger démontrent ce phénomène dans une série d’expériences publiées en décembre 1999 dans la revue Journal of Personality and Social Psychology. 

    Les tests d’auto-évaluation

    Le protocole consiste à faire passer des tests d’auto-évaluations à plusieurs candidats. Les sujets doivent passer une sorte d’examen puis, une fois les réponses révélées, ils sont invités à estimer leur rang par rapport au nombre total de participants. 

    Les résultats montrent que les moins compétents surévaluent leur performance. A l’inverse, les candidats ayant obtenu les meilleures notes estiment correctement leur rang voire ont tendance à se sous-estimer.

    La courbe Dunning Kruger

    En comparant le niveau de compétences (axe des abscisses) au niveau de confiance en ses aptitudes (axe des ordonnées), on obtient une représentation graphique de l’effet Dunning Kruger


    La première partie du graphique représente les débutants. Même si leurs compétences sont limitées, ils ont tendance à se surestimer et ont un niveau de confiance élevé en leurs capacités. On parle de pic de la stupidité.

    La seconde partie représente la vallée du désespoir et de l’humilité. Progressivement, les débutants comprennent qu’ils manquent de compétence et perdent confiance. 

    La troisième partie de la courbe correspond au plateau de consolidation. Au fur et à mesure que les individus développent leurs aptitudes, ils reprennent confiance en leurs capacités. 

    Explications du phénomène

    Le fait que les débutants aient tendance à se surestimer peut s’expliquer par leur manque de connaissance. Lorsqu’on débute, on a une vision imparfaite du sujet ou de la discipline. Et lorsqu’on ignore l’intégralité des compétences à acquérir pour maîtriser le sujet, il est plus facile de se surévaluer.

    A l’opposé, les experts ont conscience du travail à fournir ainsi que toutes connaissances à assimiler. Ils ont donc davantage tendance à être plus humbles vis-à-vis de leurs capacités.

    Cela fait écho à la citation de Socrate : “je sais que je ne sais rien” : plus on devient compétent dans un domaine, plus on prend conscience de l’étendue de son ignorance. 

    L’enseignement

    L’effet Dunning Kruger stipule que les moins qualifiés dans un domaine tendent à surestimer leur capacité. La représentation graphique de l’effet Dunning Kruger est un outil pertinent pour faire l’état de ses connaissances. la clé est de se demander si l’on est sur le pic de la stupidité, dans la vallée de l’humilité ou le plateau de consolidation ? 

    Sources

    • Articles :
      • Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Dunning-Kruger
      • Unskilled and Unaware of It: How Difficulties in Recognizing One’s Own Incompetence Lead to Inflated Self-Assessments (1999) : http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/summary?doi=10.1.1.64.2655
      • Site La toupie : http://www.toupie.org/Biais/Effet_dunning-kruger.htm

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