Loi de Parkinson : Gestion du temps et “job à la con”

Cette vidéo a pour but de présenter la loi de Parkinson car elle révèle de précieux enseignements notamment sur la gestion du temps.

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La loi de Parkinson et la gestion du temps

Dans un article original publié dans The Economist en 1955, l’historien et essayiste britannique Cyril Northcote Parkinson présente une loi sur la dilatation du temps. Elle stipule :

« le travail s’étale de façon à occuper le temps disponible pour son achèvement ». (“Work expands so as to fill the time available for its completion. “)

Autrement dit, peu importe le délai disponible pour accomplir une tâche, on aura tendance à consommer la totalité du temps imparti pour la réaliser (peu importe que les délais soient trop courts ou très larges). Si je dispose d’une semaine pour faire ma dissertation, je mettrai une semaine à la faire. Si j’ai deux mois, je mettrai deux mois.

Exemples de la loi de Parkinson

Cette tendance à réaliser un travail dans l’intégralité du temps imparti peut être observée dans différentes situations de la vie quotidienne.

Qui n’a jamais attendu la date butoire pour effectuer un tout petit travail : attendre le dernier moment pour envoyer un mail, faire la vaisselle ou résilier un contrat alors qu’on disposait de plusieurs jours pour le faire. 

Et inversement, qui n’a jamais réussi à accomplir des tâches dans des délais très serrés : terminer une présentation en partant de zéro seulement quelques heures avant l’échéance, parvenir à casser un rendez-vous dans un emploi du temps déjà overbooké,… 

Bref, pour reprendre les termes de Parkinson : « le travail s’étale de façon à occuper le temps disponible pour son achèvement ».

L’importance de se fixer des délais

Dans son livre, Votre temps est infini, Fabien Olicard s’appuie sur cette loi pour dispenser le conseil de gestion du temps suivant :  “Ne prévoyez pas de délai trop large quand vous souhaitez réaliser quelque chose. Préférez rajouter du temps pour terminer lorsque c’est nécessaire.” En effet, si les délais sont courts, le cerveau va s’adapter, éliminer le superflu et mettre en place des stratégies pour aller à l’essentiel et réaliser la tâche dans le temps imparti.

Réflexions sur la loi de Parkinson

L’augmentation inéluctable des effectifs dans nos organisation

Pour aller un peu plus loin dans la réflexion, on peut noter que les travaux de Parkinson ne se limitent pas qu’à la stricte gestion du temps. Ils ont permis de mettre en évidence que, dans une administration, l’augmentation des effectifs est inéluctable et indépendante de toute variation de la quantité du travail à effectuer.

Il étaye ses propos dans un essai paru en 1957 : Parkinson’s Law And Other Studies In Administration. En étudiant les effectifs de l’amirauté britannique, il s’est aperçu que le personnel augmentait (en particulier dans les services administratifs) malgré une baisse de l’activité dans le secteur (réduction du nombre de tonnages gérés).

Parkinson explique que, dans une administration bureaucratique, une augmentation des effectifs est inévitable et crée des besoins internes supplémentaires (besoins de coordination, gestion des ressources humaines, développement de procédures plus complexes). 

Une prolifération des “jobs à la con”

On pourrait corréler ce constat aux observations faites par l’anthropologue, David Graeber, dans son livre bullshit jobs. La multiplication des tâches annexes dans nos organisations engendre une prolifération de “jobs à la con”. En fait, les besoins créés par l’augmentation des effectifs produisent des obligations n’ont que peu d’intérêt par rapport à la création de valeur recherchée. L’auteur prend un exemple édifiant dans son livre que l’on pourrait résumer ainsi :

Un soldat de l’armée allemande doit déménager dans un bureau situé au bout du couloir. Au lieu d’y aller directement avec ses affaires et son ordinateur il doit : 

    1. Remplir un formulaire et l’adresser à la société qui sous-traite l’activité informatique
    2. Le formulaire est validé puis transféré à la société sous traitante qui gère la logistique
    3. La logistique approuve le déménagement et missionne un de ses collaborateurs pour procéder à l’opération
    4. Le prestataire loue une voiture et se rend sur le site.
    5. Sur place, il remplit un formulaire d’arrivée, puis procède au déménagement. A la fin des opérations il rend compte de son activité dans un formulaire qu’il fait signer au soldat pour attester du bon déroulement du déménagement.
    6. Le prestataire reprend sa voiture et, une fois rentré, il transmet les formulaires aux différentes sociétés pour clôturer l’opération

Bref, un simple déménagement nécessite plusieurs heures de voiture, la mobilisation de nombreux prestataires, et le remplissage de dizaines de pages de formulaire. Toutes ces tâches n’ont que peu d’intérêt par rapport à l’objectif initial.

Conclusion

Les travaux de l’historien Parkinson sont riches d’enseignements. Ils mettent en évidence l’inéluctable augmentation des effectifs dans nos bureaucraties. En parallèle, ils ont permis de développer un principe sur la gestion du temps : « le travail s’étale de façon à occuper le temps disponible pour son achèvement ». “Work expands so as to fill the time available for its completion.  Pour tirer profit de cette loi, l’astuce consiste à se fixer des délais courts pour les tâches que l’on cherche à réaliser.

Sources

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