Victor Ferry est un expert de la rhétorique. Après une carrière de chercheur, il est devenu professeur puis formateur dans ce domaine. Il détient également une chaîne Youtube sur le sujet. Selon lui, la rhétorique est un outil pour mettre ses convictions en discours et son public en mouvement.
Dans son livre, 12 leçons de rhétorique pour prendre le pouvoir, il donne des clefs pour devenir un grand orateur. L’ouvrage se découpe en 12 leçons réparties en 3 thématiques.
- Partie 1 : Affûter son esprit
- Partie 2 : Déployer son style
- Partie 3 : Contrôler son ascension
Pour ce résumé, je vais synthétiser les 12 leçons qu’il aborde. C’est parti !
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Fiche de lecture
Résumé
Partie 1 : Affûter son esprit
Victor Ferry développe, dans un premier temps, les fondations de la rhétorique à travers quatre premières leçons.
- Ecrire son manifeste
- Épouser la vérité
- Assouplir sa pensée
- Structurer son propos
Leçon 1 : Ecrire son manifeste
Ce manifeste doit représenter le socle de sa pensée et de son idéologie. Il est la condition pour être autonome intellectuellement, cesser d’être le réceptacle et le porte parole d’idéologies conçues par d’autres.
L’auteur suggère d’élaborer son manifeste de la manière suivante :
- Identifier les problèmes que l’on souhaite régler
- Définir les conséquences de ces problèmes
- Dénoncer les coupables et les idées opposées
- Justifier rationnellement sa/ses solution(s)
- Déterminer des actions concrètes à effectuer
Leçon 2 : Épouser la vérité et la validité
Cela consiste à construire des arguments valides et des données vérifiables. Car, sans cette condition, les propos ne peuvent pas résister à l’épreuve du temps.
Pour produire de bons arguments, Victor Ferry propose de s’appuyer sur une méthode élaborée par le philosophe anglais Stephen Toulmin :
- Poser sa thèse (la conclusion)
- Présenter un fait qui l’appui (=la prémisse de son argumentation)
- Garantir le passage de la prémisse à la conclusion en donnant un principe général
- Clarifier le domaine du savoir dont on puise la garantie
- Identifier les limites de son argumentation
Par exemple :
- Je ne souhaite pas me faire vacciner (conclusion)
- car nous n’avons pas assez de recul sur les effets du vaccin sur le long terme (prémisse)
- Je préfère donc appliquer un principe de précaution (principe général)
- étant donné que l’on ne peut pas juger de la viabilité du vaccin sans données factuelles (clarification)
- Si des études indépendantes paraissent alors ma position peut évoluer (limites)
Leçon 3 : Assouplir sa pensée
Victor Ferry propose des exercices pour développer une certaine gymnastique intellectuelle afin d’anticiper les contres arguments et attaques de ses opposants.
Le premier entraînement consiste à pratiquer le dissoi logoi. Il s’agit d’un des premiers exercices de rhétorique datant de la Grèce antique. La pratique consiste à défendre avec autant d’éloquence que possible une position et, ensuite, défendre la position opposée.
Le deuxième exercice que propose l’auteur est la prosopopée. Il s’agit de produire un discours du point de vue d’une autre personne ou d’une entité inanimée. Par exemple, que dirait l’autre durant cette dispute ? Quel discours tiendrait un animal en cage ? …
Enfin le troisième exercice est l’éloge paradoxal dans le but est de parvenir, par le discours, à rendre beau, bon, juste ou désirable quelque chose qui est très négativement perçu par l’opinion commune.
Leçon 4 : Structurer son propos
Dans ce chapitre, l’auteur partage des conseils pour organiser 3 types de discours.
- Intervenir comme un philosophie : dire des choses sages, qui façonneront la vision du monde du public
- Intervenir comme un expert : dire des choses vraies, qui inciteront le public à rechercher des conseils.
- Intervenir comme un vendeur : dire des choses persuasives, qui inciteront le public à passer à l’action.
Devenir philosophe :
La philosophie est la recherche de cohérence entre la pensée et les actes. Le discours philosophique efficace se structure en trois temps :
- Présenter un état des lieux et mettre en avant des évolutions
- Identifier les enjeux et donner un concept pour mieux les saisir
- Développer comment agir
Cultiver son expertise
Le superpouvoir de l’expert est de s’attirer la confiance des gens au point qu’ils aient soif de ses conseils et de ses analyses. Victor Ferry propose le modèle suivant pour structurer une intervention d’expert :
- Présenter ce que l’on sait
- Présenter ce que l’on ne sait pas
- Prendre du recul
- Définir ce que l’on compte faire
Le discours du vendeur
Un argumentaire de vente peut se structurer ainsi :
- Amener le public à prendre conscience d’un problème
- Positionner son produit comme une solution
- Rendre son offre attractive
- Appeler à l’action
Partie 2 : Déployer son style
Travailler son style, c’est augmenter la valeur perçue de son discours, multiplier ses chances d’être cité et mémorisé. Il partage quatre autres leçons à ce sujet :
- Réviser ses classiques
- Montrer avant de dire
- Mettre des figures dans son discours
- Raconter une histoire
Leçon 5 : Réviser ses classiques
Dans ce chapitre, l’auteur présente quatre grands styles littéraires.
- Le baroque = le style de l’excès qui joue avec les frontières du vraisemblable et dont l’objectif est de nourrir l’imagination
- Le classicisme = le rationalisme philosophique qui se traduit par une passion pour la clarté, la rigueur, l’équilibre et la concision
- Le romantisme qui privilégie le style autobiographique, l’expression du moi et les passions triste
- Le réalisme. Des descriptions minutieuse des moeurs et des individus qui évite tout spectaculaire, lyrisme et fantaisie
Leçon 6 : Montrer avant de dire
Victor Ferry explique qu’un style efficace passe par des descriptions, car elles permettent d’impliquer les sens du public. A ce propos, il cite le romancier américain Stephen King qui dit que l’art de la description est ce qui distingue les romans qui se vendent des romans qui ne se vendent pas.
La principale recommandation à ce sujet est d’être sélectif et qualitatif dans sa description (plutôt que quantitatif). Les éléments de description doivent être pertinents et faire avancer la narration.
Leçon 7 : Mettre des figures dans son discours
Victor Ferry conseille de créer et d’utiliser des métaphores pour stimuler l’imagination et la visualisation de son audience.
Il propose 4 figures de style à utiliser sans modération :
- La polysyndète : mettre une conjonction de coordination au début de chacun des membres de la phrase pour former une énumération. Exemple : “Perdu parmi deux millions de fous héroïques et déchaînés et armés jusqu’aux cheveux ?” – Céline, Voyage au bout de la nuit
- L’anaphore : commencer ses phrases ou ensemble de phrase par le même mot. Exemple : “Paris, Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré !…” – Général de Gaulle
- La symploque : Entrelacement de mots en début/fin de phrase. Exemple : “Qui est l’auteur de cette loi ? Rullus. Qui a privé du suffrage la plus grande partie du peuple romain ? Rullus. Qui a présidé les comices ? Rullus.” – Cicéron, Le Grand Larousse du xxe siècle
- L’anadiplose : reprendre le dernier mot d’une proposition à l’initiale de la proposition qui suit, afin de marquer la liaison entre les deux. « La grandeur inspire l’envie, l’envie engendre le dépit, le dépit répand le mensonge. » – Lord Voldemort dans Harry Potter et le Prince de sang-mêlé
Pour agrémenter son discours, Victor Ferry recommande aussi :
- utiliser des rimes
- ponctuer son discours de suite de trois. 3 idées, 3 adjectifs, 3 arguments
- S’exercer. L’auteur propose de se lancer des défis pour progresser. Par exemple, utiliser des figures de styles dans ces 10 prochaines rédactions.
Leçon 8 : Raconter une histoire
Raconter une histoire, c’est immerger le public et lui donner envie de connaître la suite.
L’auteur suggère de structurer son récit en plusieurs temps :
- la situation initiale
- l’élément perturbateur
- les péripéties
- la résolution et la morale
Il est important que chaque partie de l’histoire milite pour la suivante.
Victor Ferry partage ensuite douze exercices pour développer son style. Pour en citer quelques uns :
- lire des classiques
- recopier le passage d’une œuvre pour s’imprégner du style de l’auteur
- Arrêter de lire à la moitié d’une page et inventer la suite
- Reformuler un texte en le paraphrasant
- Essayer la chrie. Il s’agit d’un exercice qui consiste à rapporter les paroles d’une personnalité de la façon la plus brève et la plus édifiante (ou amusante) possible
Partie 3 : Contrôler son ascension
Après avoir affûté son esprit et développé son style, il reste à créer les conditions pour avoir une ascension constante et durable. L’auteur partage 4 leçons à ce sujet :
- Apprendre à persuader.
- Maîtriser ses émotions.
- Soigner son image.
- Devenir un meneur.
Leçon 9 : Apprendre à persuader
L’auteur explique que notre cerveau fonctionne à deux vitesses : il y a le mode automatique et le mode réflexion. Pour persuader, il vaut mieux chercher à créer les conditions pour que le comportement souhaité se déclenche automatiquement plutôt que de chercher à raisonner l’autre.
La persuasion peut s’opérer en 3 temps :
- Exploiter la curiosité, car elle permet de capter l’attention. A ce propos, nous sommes attirés par les choses qui nous excitent et nous font peur.
- Transformer la curiosité en intérêt. Voilà le problème qui vous concerne et voilà comment le régler
- Jouer sur des leviers tels que la réciprocité, la cohérence, la rareté, le conformisme…
Leçon 10 : Jouer sur les émotions
Pour Victor Ferry, une émotion est une incitation à agir. Sans émotion, il ne peut y avoir de décision.
Or, si l’on veut jouer sur les émotions, il est primordial de cultiver son intelligence émotionnelle. L’auteur partage plusieurs recommandations
- Pour prendre la parole sur un sujet sensible, il convient :
- Reconnaître les émotions de ses interlocuteurs
- Appeler à la raison
- Présenter ses arguments
- Inverser la charge émotionnelle
- Pour émouvoir, il faut être ému soi-même. Selon rhéteur romain Quintilien : « Le grand secret pour émouvoir les autres, c’est d’être ému soi-même”
- Utiliser les rhétoriques de l’empathie en prenant en compte la culture des protagonistes
Leçon 11 : Soigner son image
L’image la plus puissante que peut donner un orateur est l’empathie. Il s’agit de la capacité à cerner ce que les autres ont à l’esprit, leurs désirs et leurs craintes.
Pour développer cette compétence, l’auteur recommande de :
- s’exprimer en faisant preuve de prudence, de vertu et de bienveillance
- chercher à être utile aux autres quitte à déplaire dans un premier temps
- Résister au désir de créer de la connivence avec son public
- Protéger sa vertu et garder ses secrets
- Contrôler ses propos et ses émotions
Leçon 12 : Prendre les commandes
Devenir un meneur passe par deux choses :
- féliciter régulièrement les bons comportements
- s’efforcer de produire des discours qui vont de l’ombre à la lumière. Autrement dit, sublimer la difficulté, orienter un problème vers des solutions…
Conclusion – Les 10 commandements des grands orateurs
- Gardez la foi
- Gardez le rythme
- Soyez stratège
- N’ayez pas peur
- Passionnez-vous pour l’humain
- Éprenez-vous de littérature
- Devenez citable
- Cultivez-vous
- Soyez concerné
- Emmenez-les de l’ombre à la lumière
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Chaine Youtube de l’auteur : https://www.youtube.com/channel/UCcueC-4NWGuPFQKzQWn5heA
Fiche de lecture
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