Le biais du survivant

Qu’est ce que le biais du survivant ? Quel enseignement peut-on en tirer ?

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Le biais du survivant – Définition

D’après la définition de Wikipedia, Le biais du survivant est une forme de biais de sélection consistant à surévaluer les chances de succès d’une initiative en concentrant l’attention sur les sujets ayant réussi mais qui sont des exceptions statistiques (des « survivants ») plutôt que des cas représentatifs.

Illustrons ce concept par un exemple historique datant de la Seconde Guerre mondiale.

Les bombardiers de la Seconde Guerre Mondiale

Au cours du conflit, un grand nombre de bombardiers étaient détruits en opération. Une étude a été menée  pour essayer de minimiser leur perte. Une équipe a étudié les dommages reçus par les avions rentrés de mission. Ils ont constaté que la majorité des impacts étaient localisés à l’extrémité des ailes, sur la queue et à la jonction entre le fuselage et les ailes. 

Ces résultats leur ont permis de déterminer les zones à protéger par un blindage pour maximiser les chances de retour des bombardiers. 

A leur place, où aurriez-vous placé ce blindage sachant qu’il est impossible de le positionner sur toute la surface car l’avion serait trop lourd ?

Contre intuitivement, il faut protéger les zones qui ont reçu le moins d’impacts. En effet, les données proviennent des bombardiers qui ont « survécu ». L’étude montre donc les dommages mineurs qui peuvent être encaissés par les avions. On peut supposer que les zones sans impacts correspondent aux éléments endommagés sur les appareils qui ne sont pas revenus. Ce sont donc les zones sensibles à protéger.

Finalement, le biais du survivant, c’est considérer les données relatives aux éléments qui ont réussi mais qui ne sont pas forcément représentatifs.

Exemples de biais du survivant

Tomber dans le piège de ce biais c’est dire par exemple :

    • “Les constructions architecturales de nos ancêtres semblaient plus solides que les nôtres au regard des édifices qui ont traversé les âges”. C’est oublier toutes les nombreuses autres constructions qui n’ont pas survécu à l’épreuve du temps.
    • “Les musiques des décennies passées sont meilleures que les musiques actuelles car elles ont eu majoritairement plus de succès que la plupart des tubes actuels”. Il ne faut pas oublier toutes les anciennes musiques qui ont eu un succès limité et qui ne sont pas parvenues à nos oreilles.
    • “Chercher les secrets de longévité des centenaires en s’intéressant à leurs habitudes de vie”, sans considérer les mauvaises habitudes de toutes les personnes qui n’ont pas vécu jusqu’à 100 ans. 

Bref, le biais du survivant est la tendance à considérer les données relatives aux éléments qui ont réussi mais qui ne sont pas forcément représentatifs.

L’ enseignement

A ce propos, on peut constater que l’on trouve énormément de livres, d’articles, de reportages sur des success stories, de grands accomplissements, ou encore sur les secrets des meilleurs … . mais sont-ils vraiment représentatifs ? N’y-a-t-il pas plus de perdants que de gagnants ? N’a-t-on pas tendance à tomber dans le biais du survivant en sur-médiatisant les réussites et en ne s’intéressant pas aux échecs ? 

Je crois que l’un des enseignements que l’on peut tirer de ce biais est qu’en plus de s’intéresser aux gagnants, il ne faut pas oublier d’enquêter sur les perdants. 

Sources 

Articles

Vidéos :

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L’expérience de Milgram

Qu’est ce que la célèbre expérience de Milgram ?

La vidéo

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L’expérience de Milgram

L’expérience de Milgram est une expérience de psychologie visant à étudier la soumission à l’autorité. Elle a été réalisée entre 1960 et 1963 par le psychologue américain Stanley Milgram.

L’objectif

Milgram cherchait à évaluer le degré d’obéissance d’un individu devant une autorité. Il voulait déterminer le niveau jusqu’auquel la soumission à l’autorité primerait sur la conscience et l’éthique personnelle. Jusqu’où peut-on aller par obéissance ?

Le protocole de l’expérience

Des sujets volontaires (rémunérés et recrutés par annonce) étaient invités à participer à une étude sur effets de la punition sur le processus d’apprentissage. Cette étude prenait la forme d’une expérience qui faisait intervenir 3 acteurs :

    • Un premier sujet -> l’élève qui devait effectuer des exercices de mémoire
    • Un second sujet : l’expérimentateur qui devait sanctionner l’élève (s’il faisait des erreurs), en lui octroyant des décharges électriques.
    • Un animateur qui était le responsable de l’expérience

L’animateur accueillait les deux sujets, il leur présentait le but et le déroulement de l’expérience puis il tirait au sort les rôles. Le sujet désigné comme l’élève était attaché sur une chaise et on lui mettait une électrode dans sa main. L’expérimentateur était installé dans une salle au côté de l’animateur devant une impressionnante machine. La machine comportait une rangée de 30 manettes qui s’échelonnaient de 15 à 450 volts. Les manettes étaient assorties de mentions allant de « choc léger » à « choc dangereux ».

Une fois les sujets installés, l’élève commençait à effectuer des exercices de mémoire. À chaque erreur, l’expérimentateur actionnait une manette qui octroyait une décharge à l’élève. À chaque erreur l’intensité de la décharge augmentait. L’objectif affiché était de déterminer si les décharges électriques pouvaient stimuler la mémoire de l’élève.

En réalité le véritable sujet de l’étude portait uniquement  sur l’expérimentateur. L’élève et l’animateur étaient des acteurs et complices de l’expérience. Le tirage au sort était truqué. L’élève ne recevait aucune décharge. Ses réponses et ses réactions étaient préenregistrées. En fait, l’objectif était de déterminer jusqu’à quel point le sujet pourrait obéir et suivre les instructions de l’animateur. Le rôle de l’animateur (l’autorité légitime de l’expérience) était de pousser l’expérimentateur à envoyer des décharges électriques quoiqu’il arrive.

Les résultats de l’expérience de Milgram

Les enquêtes réalisées avant l’expérience par des médecins-psychiatres estimées que :

    • Seul 1 sujet sur 1000 actionnerait la décharge de 450 volts
    • La moyenne des chocs maximums reçus serait de 150 volts

Lors des premières expériences, réalisées avec 40 sujets :

    • 63% d’entre eux infligèrent à 3 reprises un électrochoc de 450 Volts
    • La moyenne des chocs maximum reçus était de 360 volts
    • Tous les sujets infligèrent au moins une décharge de 135 volts.
    • Aucun sujet ne refusa de participer à l’expérience.

En parallèle, il faut aussi noter que les sujets montraient des signes stress. Les premiers signes de tension se manifestaient vers 75V lorsque l’élève commençait à donner des signes de malaise. Mais malgré leurs premières réticences, la plupart des sujets continuèrent à octroyer des décharges.

Milgram a constaté que plus l’intensité des décharges augmentait, plus l’expérimentateur était hésitant et nerveux. Les sujets étaient tiraillés entre les souffrances de l’élève et le fait de devoir obéir. Milgram a tout de même qualifié ces résultats « d’inattendus et d’inquiétants ».

L’analyse de Milgram

Milgram ne considère pas l’obéissance comme un mal, car elle est un comportement inhérent à la vie en société. Néanmoins, il considère qu’elle devient dangereuse lorsque les individus obéissent aveuglément. C’est-à-dire que le degré d’obéissance est tel que le pouvoir de l’autorité prime sur la conscience personnelle. Or dans son expérience, le niveau de soumission à l’autorité était tel que la majorité des sujets ont obéi au point d’envoyer une décharge potentiellement dangereuse.

Pour Milgram, cela peut s’expliquer par le fait que les sujets se déresponsabilisaient de l’acte sous couvert de l’autorité. Dans le cadre de l’expérience, l’animateur représentait l’autorité compétente du fait qu’il était présenté comme le responsable de l’expérience. Les sujets pouvaient donc penser qu’il savait ce qu’il faisait, car il était le garant du bon déroulement de l’étude. Ainsi ils pouvaient avoir tendance à lui obéir en toute confiance.

Pour illustrer cette analyse, Milgram fait le parallèle avec les Allemands ayant travaillé directement ou indirectement pour les camps d’extermination lors de la Seconde Guerre mondiale.  Est-ce que les gardes se sentaient responsables des horreurs commises dans les camps ? Selon Milgram, le fait qu’ils obéissaient à une autorité supérieure impliquait qu’ils pouvaient se dédouaner de leur responsabilité vis-à-vis des atrocités commises.

Néanmoins, Milgram soutient que lorsqu’un individu se conforme à une quelconque autorité, il est tout de même conscient de réaliser les désirs de l’autorité en question. Autrement dit, en obéissant à un ordre, on est conscient de réaliser la volonté de l’émetteur de cet ordre. Cette attitude nous permettrait de freiner le pouvoir de l’autorité. En effet, lorsqu’il y a un conflit entre les ordres reçus et notre éthique personnelle, notre niveau de nervosité augmente. Lorsque la tension devient insoutenable, nous désobéissons purement et simplement.

Dans l’expérience de Milgram, l’état de nervosité des sujets était la manifestation du conflit entre leur conscience personnelle et les ordres du responsable. Milgram a jugé les résultats « d’inquiétant », car la soumission à l’autorité était si forte que les sujets ont continué à obéir jusqu’à administrer des décharges potentiellement dangereuses.

De nombreuses variantes et de nombreuses reproductions de l’expérience ont été menées et ont permis de valider ces résultats.

Conclusion

L’expérience de Milgram a permis de mettre en évidence l’influence de l’autorité sur notre comportement. L’expérience possède ses détracteurs. Certains ont critiqué la validité du protocole, d’autres ont critiqué l’impossibilité de généraliser les résultats à des situations réelles. Certains ont même soutenu une potentielle manipulation des résultats ( par exemple le livre : « Behind the shock machine – The Untold Story of the Notorious Milgram Psychology Experiments » – Gina Perry). Quoi qu’il en soit, son étude reste l’une des plus célèbres expériences de psychologie sur la soumission à l’autorité.

Sources