Histoire inspirée du conte “Trois questions” de Léon Tolstoï

Dans cet article, je partage un conte inspirant intitulé “trois questions” paru dans le livre Dernières Paroles de Léon Tolstoï en 1905.

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Trois questions (Dernières Paroles) de Léon Tolstoï

Attention : Mon texte est une version remodelée du conte original 

 

Un roi en quête de savoir se posait trois questions :

  • Comment connaître le meilleur moment pour traiter chaque chose ?
  • Qui sont les gens les plus nécessaires ?
  • Quelle est la chose la plus importante au monde ?

Après avoir réfléchi, il fit savoir qu’il donnerait une grande récompense à celui qui lui apporterait ces réponses.

 

Des gens se pressèrent de tout le royaume pour l’aider. A la première question “comment connaître le meilleur moment pour traiter chaque chose ?”, il reçut diverses réponses : “Il faut établir un emploi du temps et le suivre strictement pour que chaque chose se fasse en son temps”, disaient certains. “On ne peut jamais décider à l’avance, mais il est important de ne pas se perdre dans des amusements stériles. Il faut rester attentif à ce qui arrive et faire ce qu’exige le moment”, répondaient d’autres. “On a beau être attentif à chaque moment, un seul homme ne peut jamais décider sûrement à quel moment il faut faire telle ou telle chose, donc il faut suivre le conseil d’hommes sages”, expliquaient les troisièmes.Il y a des affaires pour lesquelles il faut décider dans l’instant et on n’a pas le temps d’interroger des conseillers. Il faudrait donc savoir quoi faire à l’avance et pour ça, il faut interroger les mages”, disaient les derniers. Les réponses à la deuxième question “qui sont les gens les plus importants ?” furent toutes aussi variées. Certains disaient que les plus nécessaires aux rois sont ses aides dans le gouvernement. D’autres nommaient les prêtres, d’autres les médecins, les soldats expliquaient les quatrièmes. Pour la dernière question : “quelle est la chose la plus importante au monde ?” les gens répondirent : la science, l’art militaire ou encore l’adoration de Dieu… . 

Vu la diversité des réponses, le roi n’accepta aucune d’elles et ne récompensa personne. Afin d’avoir une réponse sûre à ces questions, il décida d’aller interroger un ermite, réputé pour sa sagesse. Cet ermite vivait dans la forêt, ne sortait jamais et ne recevait que des gens simples. Le roi s’habilla de vêtements modestes, partit à cheval et finit le trajet seul à pied. 

 

Quand le roi s’approcha de l’ermite, celui-ci était en train de travailler la terre. En apercevant le roi, le vieil homme le salua et aussitôt se remit au travail. L’ermite était maigre, faible et il soupirait lourdement au moment de l’effort. Le roi s’approcha de lui et lui dit :

  • “Je suis venu chez toi, sage ermite, pour te demander la réponse à trois questions : 
  • Comment connaître le meilleur moment pour traiter chaque chose ?
  • Qui sont les gens les plus nécessaires ?
  • Quelle est la chose la plus importante au monde ?”

L’ermite écouta le roi et ne répondit rien. Il cracha dans ses mains et se remit à remuer la terre.

  • “Tu es fatigué, dit le roi, donne-moi la pelle, je travaillerai pour toi.”

Le sage la lui donna et s’assit sur le sol.

Après avoir retourné deux massifs, le roi s’arrêta et répéta ses questions. Une fois de plus, l’ermite ne répondit rien. Le souverain continua donc à travailler.

Le temps s’écoulait et le soleil commençait déjà à se coucher derrière les arbres. Le roi, enfonçant la pelle dans la terre, dit :

  • “Je suis venu chez toi, homme sage, pour chercher la réponse à mes questions. Si tu ne peux pas me répondre, dis-le moi, je m’en irai.”

 

A ce moment, ils virent un homme se diriger vers eux. L’homme tenait ses mains contre son ventre et du sang semblait couler. Arrivant à leur niveau, il tomba à terre et gémit faiblement. Le roi et l’ermite aperçurent alors une large blessure sur son ventre. Ils lui portèrent assistance et parvinrent à arrêter l’hémorragie. Quand le blessé reprit connaissance  le soleil s’était couché. Le roi transporta l’homme dans l’habitation du sage et le posa sur une couche. Le blessé ferma les yeux et parut s’endormir. Le souverain fatigué s’endormit sur le seuil et dormit toute la nuit. Lorsqu’il se réveilla, l’homme blessé le fixait de ses yeux brillants.

  • “Pardonne moi, dit l’homme d’une voix faible
  • Je ne te connais pas et n’ai pas à te pardonner, dit le roi.
  • Tu ne me connais pas, mais moi, je te connais. Je suis ton ennemi, je voulais me venger de toi, parce que tu m’as volé mon bien. Ayant appris que tu venais seul chez l’ermite, j’étais venu te tuer. Je voulais t’attaquer à ton retour, mais je ne t’ai pas vu revenir. Quand je suis sorti de ma cachette pour savoir où tu étais, je suis tombé sur tes soldats qui m’ont reconnu et m’ont blessé. Je serais mort si tu ne m’avais pas aidé. Je voulais te tuer, et tu m’as sauvé la vie. Si maintenant je reste vivant, et si tu le veux, je te servirai comme l’esclave le plus fidèle, et j’ordonnerai à mes fils d’agir de même. Pardonne-moi.”

Le roi était heureux de s’être si facilement réconcilié avec un ennemi, et d’en avoir fait un allié. Non seulement il lui pardonna, mais il lui promit de lui rendre son bien.

 

Après avoir dit adieu au blessé, le roi sortit pour chercher l’ermite. Avant de partir, il voulait lui demander une dernière fois de répondre aux questions qu’il lui avait posées. Le roi s’approcha de lui et dit :

  • “Pour la dernière fois, homme sage, je te demande de répondre à mes questions.
  • Mais la réponse t’est déjà donnée, rétorqua l’ermite
  • Je ne comprends pas,  dit le roi.
  • Le sage reprit la parole et expliqua. Si, hier, tu n’avais pas eu pitié de ma faiblesse et n’avais pas remué pour moi ce massif, ton ennemi t’aurait attaqué. Alors le temps le plus opportun était quand tu remuais la terre. Moi j’étais l’homme le plus important et la chose la plus importante était de m’aider. Ensuite, quand l’homme blessé est apparu, la meilleure chose à faire était de le soigner. Si tu n’avais pas pansé sa blessure il serait mort sans se réconcilier avec toi. L’homme le plus important c’était lui. Finalement, le meilleur moment pour traiter chaque chose est l’immédiat car c’est le seul moment où nous sommes maîtres de nous-mêmes. La personne la plus importante est celle avec qui on partage ce moment. La chose la plus importante est de faire le bien”

 

Sources 

Texte original de Léon Tolstoï: https://fr.wikisource.org/wiki/Trois_Questions

 

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